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la connerie ne se dissout pas dans l'union nationale

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la connerie ne se dissout pas dans l'union nationale Empty la connerie ne se dissout pas dans l'union nationale

Message par tisiphoné Sam 31 Jan - 21:38

31.01.2015

   Jean-François Kahn

   Les attentats ont fait naître dans leur foulée un chapelet de sottises. La première consiste à dire que les tueries n'ont rien à voir avec l'islam. Une autre voudrait que pour triompher contre les adversaires de nos libertés, il nous faudrait sacrifier des pans entiers de nos libertés...

   Même si elle part du meilleur naturel du monde, une sottise reste une sottise. Celle-ci, par exemple : « Les tueries des 7, 8 et 9 janvier n'ont rien à voir avec l'islam ! »

   Donc, c'est bien connu, les croisades et les tueries sur lesquelles elles ont débouché n'ont rien à voir avec le christianisme ; la Saint-Barthélemy et l'Inquisition, rien à voir avec le catholicisme ; la condamnation de Michel Servet, brûlé vif à Genève, rien à voir avec le calvinisme; le fanatisme de ces colons ultrareligieux israéliens qui ne reculent devant aucune violence pour expulser des Palestiniens de leurs terres, rien à voir avec le judaïsme ; les épouvantables répressions staliniennes, rien à voir avec le communisme ; la Terreur robespierriste, rien à voir avec le jacobinisme ; l'assassinat de Gandhi, rien à voir avec l'hindouisme ; et le fait que le plus célèbre théoricien du néolibéralisme fut l'un des principaux conseillers de Pinochet n'a rien à voir avec le néolibéralisme lui-même.

   Est-ce qu'on aurait l'idée de prétendre, confronté au cas d'un chaufard imbibé qui a provoqué un accident mortel, que cela n'a rien à voir avec l'alcoolisme, donc avec l'alcool ? Quelle que soit la marque de la gnole que l'individu a ingurgitée.

   Le philosophe sceptique David Hume a défendu l'idée qu'une conséquence ne fonde pas de façon incontestable la réalité de la cause, dont elle paraît être la conséquence. Ainsi, il peut y avoir de la fumée sans feu. Mais l'idée ne lui serait pas venue d'afrmer qu'une conséquence peut n'avoir aucun rapport avec la cause dont elle-même, en la revendiquant, se prétend la conséquence. Autrement dit, que la fumée n'a rien à voir avec le feu !

   Dès lors que l'humanitarisme social de saint Vincent de Paul a quelque chose à voir avec le catholicisme, Torquemada aussi, et mère Teresa ou le curé d'Ars au même titre que ceux qui envoyèrent Giordano Bruno et Jan Hus au bûcher. L'histoire du catholicisme développe et étire, en définitive, la réponse à cette question : qui, in fine, l'emporte ? Qui, s'agissant du socialisme, de Léon Blum ou de Pol Pot ?

   De la même façon, en ce qui concerne l'islam, qui l'emportera : les tenants de l'averroïsme, à qui le rationalisme occidental doit tant, ou les théoriciens wahhabites dont Ben Laden fut le disciple ? Tous, cependant, l'abbé Pierre et Ravaillac, Levinas et Baruch Goldstein, tous ont un rapport, sublime ou dévoyé, avec la religion souche.

   Il y a, dans le Coran, des passages qui peuvent justifier les folies meurtrières djihadistes. Il y a dans la Bible des passages (les recommandations de Yahvé avant la prise de Jéricho, par exemple) qui peuvent justifer des massacres éradicateurs.

   Il y a dans Karl Marx des passages qui peuvent justifer la terreur bolchevique.

   Toute religion, et toute religion laïque aussi, qui met une lecture littérale d'un livre saint au service d'un activisme mystique ou pseudo-mystique est potentiellement criminelle.

   Même au nom de l'Evangile, à qui l'on ne peut en revanche imputer aucun appel à la violence, on a exterminé sous prétexte que les adversaires d'un message d'amour ne méritent aucune miséricorde.

   ****

   Quand on parle des Européens, on ne dit pas les « chrétiens ». Quand on parle des Scandinaves, on ne dit pas les « protestants ». Pourquoi, lorsqu'on parle, par exemple, des Maghrébins, faut-il dire des « musulmans » et mettre ainsi dans le même sac le moderniste et le réac, le laïc et le clérical, le nonpratiquant et le cagot intégriste, le libre-penseur et le fondamentaliste, l'agnostique il y en a et le chrétien il y en a aussi ?

   L'esprit républicain aura triomphé quand on cessera de globaliser les « cathos » (ce qui en fait des activistes de La Manif pour tous), les musulmans (parmi lesquels on trouve des adversaires acharnés de l'islamisme) ou, n'en déplaise au Crif, les juifs.

   ****

   Il paraît que le président de la République dispose, désormais, d'un bon service de communication. En effet. Et on s'en réjouit. Mais gare aux excès de zèle qui frisent toujours le ridicule. Ainsi n'était-il pas nécessaire de faire savoir aux médias, qui s'empressèrent de le reproduire, que son discours d'hommage à la police, le président l'avait écrit « tout seul », comme un grand, en y travaillant toute la nuit.

   Ou de distiller l'information absurde, et heureusement fausse, selon laquelle c'est lui, en personne, qui avait donné l'ordre d'assaut contre les deux terroristes tueurs djihadistes. Dans le genre, il y a certes le précédent Sarkozy. Mais il ne fut pas probant.

   ****

   Un texte assassin, terrible, dénonce la responsabilité écrasante des politiques suivies depuis treize ans, en particulier sous la période Chirac et Sarkozy, dans la situation qui a débouché sur les événements sanglants des 7, 8 et 9 janvier. Il est signé par 74 parlementaires... UMP. De tendance copéiste (ça existe).

   Pour le coup, l'autocritique est excessive.

   La présidence de Sarkozy a sans doute été calamiteuse, mais pas aussi lamentablement catastrophique que les élus UMP l'affirment aujourd'hui.

   ****

   Après que des millions de citoyens ont participé aux manifestations dites « républicaines », la cote de l'exécutif a remonté. Réaction de 95 % des internautes sur les sites de droite : « Les Français sont des veaux. »

   Je crains que ceux-là soient les enfants ou les héritiers de ceux qui, en août 1944, en voyant une foule énorme fêter la Libération de Paris sur les Champs-Elysées, disaient et pensaient exactement la même chose.

   ****

   Parmi les stupidités qui se sont noyées dans le climat d'union nationale, citons la déclaration d'un certain Meyer Habib, député des Français de l'étranger : « Les attentats sont la conséquence du vote du Parlement français en faveur de la reconnaissance d'un Etat palestinien. »

   ****

   La preuve que les sondages sont fiables : 24 % des Français sondés affirment avoir manifesté le dimanche 11 janvier, soit quelque 12 mil lions de manifestants. Comme disent les mises en garde, il faut tenir compte d'une marge d'incertitude de 3 %. En l'occurrence, on dépasse les 100 %.

   ****

   L'autre jour, je me rendais au siège de France Télévisions. Il fallait, pour y pénétrer, franchir une première grille, puis une seconde grille, puis une véritable porte de cofre-fort, puis montrer patte blanche, une fois, deux fois, et je me suis dit : « Ils sont en train de gagner ! » C'est nous-mêmes que nous mettons en prison.

   On ne triomphera pas des adversaires féroces de nos libertés en sacrifant des pans de nos libertés. Ce serait leur faire un trop beau cadeau.

   ****

   Une double tentation existe : soit intérioriser la terreur, soit lui opposer une contre-terreur. Soit acheter, à force de lâcheté, une hypothétique tranquillité, soit sacrifier nous-mêmes notre démocratie à la lutte contre les ennemis de la démocratie.

   On peut (c'est mon cas) réprouver le blasphème : c'est un stupide enfantillage qui implique un rapport religieux à l'antireligion ; mais il n'en reste pas moins que le droit au blasphème, y compris de ce qu'un républicain agnostique ou un marxiste pourraient considérer comme blasphématoire par rapport à leurs convictions, est un élément fondateur de notre démocratie.

   Il serait scandaleux de vouloir imposer à des musulmans de se signer lorsqu'ils passent devant le tabernacle d'une église. Il l'est tout autant de vouloir nous imposer, en violation de toutes les règles qui sont les nôtres, l'interdiction de représenter un monsieur tout à fait estimable et honorable qui s'appelle Mahomet. Chez nous, l'interdiction de représenter qui que ce soit, y compris Dieu le père avec des cheveux crépus, serait aussi absurde que chez eux l'obligation de consommer de la charcuterie.

   S'il y a un principe avec lequel on ne saurait transiger (et qui s'applique à tous ceux qui vivent sous nos cieux, catholiques, protestants, juifs, musulmans, bouddhistes...), c'est celui-là : la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

   Etre hostile à ce principe est un droit.

   Refuser de s'y plier dans le pays dont il constitue la loi fondamentale est un délit. Qui doit être sanctionné comme tel.

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