Michèle Cotta - Affaire Jouyet : le sans-faute de Nicolas Sarkozy
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Michèle Cotta - Affaire Jouyet : le sans-faute de Nicolas Sarkozy
14.11.2014
Qui a gagné, qui a perdu dans ce psychodrame imbécile ? Si Jouyet et Fillon sortent étrillés de la séquence, l'ancien président a parfaitement joué le coup.
nutile de chercher beaucoup dans le rang des perdants. Perdant n° 1 : le secrétaire général de l'Élysée. Il n'y avait pourtant que peu de raisons, jusqu'à présent, de s'intéresser particulièrement à l'activité de Jean-Pierre Jouyet à l'Élysée. Le poste, difficile, qu'il occupe le voue, en principe, à l'obscurité. Il n'a pas vocation à faire la une des journaux, c'est même tout le contraire : il anime, il coordonne, il résume, il propose, il discute sur la multitude de documents, analyses et autres notes qui remontent à la présidence. Mais il le fait, traditionnellement, dans le secret, travaillant dans les soutes plutôt que sur les ponts.
Le voilà qui est apparu, ces derniers jours, en pleine lumière. L'affaire est maintenant si connue qu'il est peut-être inutile de la résumer. Au départ, un déjeuner dans un grand restaurant parisien en juin dernier, qui n'a rien de surprenant, l'un, Jouyet, ayant été ministre du gouvernement dirigé par l'autre, François Fillon, en 2007. Déjeuner somme toute républicain, entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui ont vocation à l'exercer après eux, qui aurait pu passer pour une preuve de bonnes manières, dignes d'une démocratie à l'anglo-saxonne.
Coup de tonnerre
C'est par une confidence de Jean-Pierre Jouyet à deux limiers du Monde que le malheur a commencé. L'ancien Premier ministre, selon lui, lui aurait, au cours de ce déjeuner, suggéré de "taper" sur Nicolas Sarkozy avant qu'il ne soit trop tard pour barrer le chemin de sa reconquête. Un coup de tonnerre dans le ciel politique. Un aveu d'une ahurissante naïveté ou une colossale manoeuvre ! Le lendemain, l'information était à la une du quotidien.
Inutile de dire que les propos prêtés à François Fillon étaient mortels pour lui dans son camp. On savait que celui-ci ne supportait plus guère Nicolas Sarkozy, mais de là à presser l'Élysée de hâter l'action des juges contre lui, il y a un abîme ! Jean-Pierre Jouyet commença par démentir, comme affolé par sa propre indiscrétion. Puis par les confirmer, de crainte de voir produire un enregistrement de sa conversation avec les deux journalistes. Un pas en avant, un pas en arrière : le doute s'est installé.
Si Fillon ne l'a pas fait, il l'a pensé trop fort
Frappé par la foudre, c'est là que Fillon apparaît néanmoins comme le deuxième perdant de cette fumeuse affaire. En effet, le problème n'est pas qu'il ait tenu ces propos, ce qui paraîtrait pour le moins imprudent de la part d'un homme connu depuis des années pour sa prudence. Le problème est qu'aux yeux de certains de ses "amis" de l'UMP il aurait pu les tenir, tant les rapports entre l'ancien président et son ancien Premier ministre se sont dégradés au fil du temps. S'il ne l'a pas fait, sans doute l'a-t-il pensé trop fort. Démenti outré de Fillon, coup de téléphone à Sarkozy, hypothèse d'un complot pour diviser l'opposition plus encore qu'elle ne l'est, dénonciation d'une supposée intervention de l'Élysée sur la justice, rien de tout cela n'empêche que le mal, d'une certaine façon, a été fait.
Et le gagnant, là-dedans ? Il n'y en a qu'un ; c'est Nicolas Sarkozy. Celui-là même auquel la rencontre Jouyet-Fillon aurait pu nuire au premier chef. Celui-là même dont les deux compères du Monde annonçaient pratiquement la disqualification dans un livre qu'ils viennent de publier, au titre sans appel : Sarko s'est tuer.
Le sans-faute de Sarkozy
Eh bien, c'est raté. Car, avec un instinct sûr, Nicolas Sarkozy n'a fait aucune erreur. Il ne s'est pas précipité, lui que l'on sait pourtant impétueux, éruptif, pour commenter les propos prêtés à François Fillon, et démentis par lui. Plutôt que de céder au désir, qui a dû être grand, d'attaquer un rival dans la future compétition présidentielle, il a préféré réserver ses coups à l'Élysée, et, à travers son secrétaire général, à François Hollande. Ainsi a-t-il trouvé, à quelques jours du congrès qui doit le porter à la présidence de l'UMP, un terrain sûr : l'unité du parti, thème toujours assuré du succès dans un mouvement politique, surtout au moment où la division y est reine.
Qui a gagné, qui a perdu dans ce psychodrame imbécile ? Si Jouyet et Fillon sortent étrillés de la séquence, l'ancien président a parfaitement joué le coup.
nutile de chercher beaucoup dans le rang des perdants. Perdant n° 1 : le secrétaire général de l'Élysée. Il n'y avait pourtant que peu de raisons, jusqu'à présent, de s'intéresser particulièrement à l'activité de Jean-Pierre Jouyet à l'Élysée. Le poste, difficile, qu'il occupe le voue, en principe, à l'obscurité. Il n'a pas vocation à faire la une des journaux, c'est même tout le contraire : il anime, il coordonne, il résume, il propose, il discute sur la multitude de documents, analyses et autres notes qui remontent à la présidence. Mais il le fait, traditionnellement, dans le secret, travaillant dans les soutes plutôt que sur les ponts.
Le voilà qui est apparu, ces derniers jours, en pleine lumière. L'affaire est maintenant si connue qu'il est peut-être inutile de la résumer. Au départ, un déjeuner dans un grand restaurant parisien en juin dernier, qui n'a rien de surprenant, l'un, Jouyet, ayant été ministre du gouvernement dirigé par l'autre, François Fillon, en 2007. Déjeuner somme toute républicain, entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui ont vocation à l'exercer après eux, qui aurait pu passer pour une preuve de bonnes manières, dignes d'une démocratie à l'anglo-saxonne.
Coup de tonnerre
C'est par une confidence de Jean-Pierre Jouyet à deux limiers du Monde que le malheur a commencé. L'ancien Premier ministre, selon lui, lui aurait, au cours de ce déjeuner, suggéré de "taper" sur Nicolas Sarkozy avant qu'il ne soit trop tard pour barrer le chemin de sa reconquête. Un coup de tonnerre dans le ciel politique. Un aveu d'une ahurissante naïveté ou une colossale manoeuvre ! Le lendemain, l'information était à la une du quotidien.
Inutile de dire que les propos prêtés à François Fillon étaient mortels pour lui dans son camp. On savait que celui-ci ne supportait plus guère Nicolas Sarkozy, mais de là à presser l'Élysée de hâter l'action des juges contre lui, il y a un abîme ! Jean-Pierre Jouyet commença par démentir, comme affolé par sa propre indiscrétion. Puis par les confirmer, de crainte de voir produire un enregistrement de sa conversation avec les deux journalistes. Un pas en avant, un pas en arrière : le doute s'est installé.
Si Fillon ne l'a pas fait, il l'a pensé trop fort
Frappé par la foudre, c'est là que Fillon apparaît néanmoins comme le deuxième perdant de cette fumeuse affaire. En effet, le problème n'est pas qu'il ait tenu ces propos, ce qui paraîtrait pour le moins imprudent de la part d'un homme connu depuis des années pour sa prudence. Le problème est qu'aux yeux de certains de ses "amis" de l'UMP il aurait pu les tenir, tant les rapports entre l'ancien président et son ancien Premier ministre se sont dégradés au fil du temps. S'il ne l'a pas fait, sans doute l'a-t-il pensé trop fort. Démenti outré de Fillon, coup de téléphone à Sarkozy, hypothèse d'un complot pour diviser l'opposition plus encore qu'elle ne l'est, dénonciation d'une supposée intervention de l'Élysée sur la justice, rien de tout cela n'empêche que le mal, d'une certaine façon, a été fait.
Et le gagnant, là-dedans ? Il n'y en a qu'un ; c'est Nicolas Sarkozy. Celui-là même auquel la rencontre Jouyet-Fillon aurait pu nuire au premier chef. Celui-là même dont les deux compères du Monde annonçaient pratiquement la disqualification dans un livre qu'ils viennent de publier, au titre sans appel : Sarko s'est tuer.
Le sans-faute de Sarkozy
Eh bien, c'est raté. Car, avec un instinct sûr, Nicolas Sarkozy n'a fait aucune erreur. Il ne s'est pas précipité, lui que l'on sait pourtant impétueux, éruptif, pour commenter les propos prêtés à François Fillon, et démentis par lui. Plutôt que de céder au désir, qui a dû être grand, d'attaquer un rival dans la future compétition présidentielle, il a préféré réserver ses coups à l'Élysée, et, à travers son secrétaire général, à François Hollande. Ainsi a-t-il trouvé, à quelques jours du congrès qui doit le porter à la présidence de l'UMP, un terrain sûr : l'unité du parti, thème toujours assuré du succès dans un mouvement politique, surtout au moment où la division y est reine.
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