le "bébé aryen modèle" était juif

03.07.2014

Dans les années 1930, la propagande nazie avait fait du visage d'un bébé de six mois le prototype du parfait Aryen. Sans savoir que le nourrisson était juif.

Les nazis pris à leur propre piège ? C'est en tout cas ce qui ressort de l'incroyable histoire de Hessy Taft, aujourd'hui âgée de 80 ans. Dans les années 1930, sa bouille de bébé de six mois s'affichait en effet sur des affiches, cartes postales ou encore des couvertures de magazines nazis, comme le révèle Le Parisien. Le visage du nourrisson était censé incarner, pour le IIIe Reich, le parfait type aryen.

Mais ironie de l'histoire, le quotidien allemand Bild vient de dévoiler que l'enfant était en réalité juif. Hessy Taft, aujourd'hui professeur de chimie à New York, a en effet présenté et donné au Mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, une copie du magazine Sonne ins Haus, dont elle avait fait la couverture.



C'est un improbable concours de circonstances qui a conduit le bébé Hessy Taft à connaître cette notoriété. En 1935, sa mère, Pauline Levinson, se rend chez Hans Ballin, un célèbre photographe à Berlin, pour qu'il photographie son nourrisson. Quelques mois plus tard, elle découvre la photo de sa fille en couverture de Sonne ins Haus, magazine dirigé par un ami de Hermann Göring.

"Je voulais ridiculiser les nazis"

Pauline Levinson demande alors des comptes au photographe qui admet avoir soumis la photo de Hessy Taft à un concours lancé par le parti nazi pour trouver le "parfait bébé aryen". "Je voulais ridiculiser les nazis", aurait déclaré Hans Ballin, qui a reconnu qu'il savait que la famille était juive. C'est Joseph Goebbels en personne qui aurait choisi la photo de Hessy Taft.

Craignant que l'identité de sa fille soit démasquée, Pauline Levinson cache son enfant. En 1938, la famille quitte l'Allemagne pour la Lettonie, puis Paris avant que la ville ne tombe aux mains des nazis. Aidée par la résistance française, elle parvient à gagner Cuba avant de s'installer définitivement aux États-Unis en 1949.

Et Hessy Taft de conclure : "Maintenant je peux rire de cette histoire, mais si les nazis avaient découvert ma véritable identité, je ne serais pas là aujourd'hui." "Je ressens comme une revanche. Une sorte de satisfaction", a-t-elle déclaré à Bild.