Le congé parental pourrait être en partie réservé au père

De nombreux rapports montrent la difficulté pour les femmes de renouer avec le marché du travail après trois ans d'arrêt. La ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem, propose d'obliger les pères à prendre une partie du congé parental ou de les y inciter financièrement.

Après avoir jugé le congé parental trop long et mal rémunéré, Najat Vallaud-Belkacem dit l'importance à ses yeux de mieux partager ce dispositif entre les deux parents. Dans un entretien aux Échos , la ministre des Droits des femmes propose qu'une «période au minimum de six mois soit réservée au second parent». Cette mesure s'adresserait plus particulièrement aux hommes car ils ne sont que 2 à 3% à en bénéficier.

«Pour convaincre les pères, une option pourrait être de jouer sur l'indemnisation du congé», avec «un mécanisme de bonification lors du partage du congé», suggère Najat Vallaud-Belkacem, qui se garde d'avancer un montant précis. D'un montant de 560 euros environ, «l'indemnisation du congé est aujourd'hui l'une des plus faibles de l'OCDE», rappelle-t-elle.

Lancé lors de la conférence sociale de juillet, ce projet de réforme «est un des principaux enjeux de la négociation sur l'égalité professionnelle», estime la ministre qui souhaite «une meilleure articulation entre vie privée et vie professionnelle». «Le congé parental conduit aujourd'hui trop souvent les femmes à un éloignement durable, et subi, du marché du travail, avec les difficultés que l'on sait à y revenir, avec aussi les conséquences sur les moindres progressions de carrière, les rémunérations, l'accès aux responsabilités ou encore les droits à retraite», explique-t-elle.
Propositions des partenaires sociaux avant le 8 mars

En septembre, la ministre des Droits des Femmes avait évoqué la possibilité de réduire la durée du congé - qui est actuellement de trois ans - et proposé de mieux le rémunérer. L'idée d'en attribuer une partie du congé au père, sans qu'il soit possible de le transmettre à la mère, avait également été évoquée début décembre. «Le mécanisme consistant à avoir une partie du congé non transférable est très intéressant et donne des résultats positifs dans de nombreux pays européens», a confirmé la ministre dans Les Echos, qui pourrait proposer ce dispositif dans un projet de loi.

Pour l'heure, il ne s'agit que de propositions. Patronat et syndicats tentent actuellement de s'entendre pour formuler à leur tour des recommandations de réforme - leurs conclusions sont attendues pour le 8 mars, Journée internationale des femmes. Une réforme pourrait alors être présentée dans le courant du mois. Dans tous les cas, la ministre des Droits des femmes souligne que «cette réforme n'a de sens que si elle s'accompagne de construction de places de crèches et autres modes d'accueil adaptés aux besoins sur les territoires».