Quatre soldats français tués en Afghanistan, une quinzaine blessés

Il s'agit des premières victimes françaises en 2012. Les quatre soldats de la force internationale de l'Otan décédés vendredi matin dans l'Est du pays sont Français. Ils ont été tués dans la vallée de Taghab, dans la province de Kapisa, par un soldat de l'armée afghane, peut-être un taliban infiltré. Ce dernier a ensuite été arrêté. Selon Gérard Longuet, les militaires français "n'étaient pas armés". "Ils ont été proprement assassinés par un soldat afghan", a-t-il déclaré vendredi sur France 2. "On ne sait pas pour l'instant si c'est un taliban infiltré ou si c'est quelqu'un qui a décidé (de son geste) pour des décisions que nous ne maîtrisons pas", a-t-il ajouté.


Selon un source afghane, les soldats étaient en fait "en train de terminer leur séance de sport à l'intérieur" d'une enceinte militaire, où ne se trouvaient que des coopérants afghans et des formateurs français. "Ils n'étaient pas protégés. Ils ne pouvaient pas se défendre", ajoute cette source. Une quinzaine d'autres Français ont été blessés lors de l'attaque, dont huit grièvement -un bilan revu à la hausse après les premières informations données vendredi matin.

Armée infiltrée ?

Ces nouveaux décès portent au total à 82 le nombre de militaires français tués dans le pays depuis le début de l'intervention occidentale en 2001. Les deux derniers Français tués l'avaient été en décembre dernier. Ils avaient déjà été victimes d'un soldat de l'armée afghane. Celle-ci semble donc de plus en plus infiltrée par des talibans (voir encadré ci-dessous).

Aussitôt, Nicolas Sarkozy a évoqué la possibilité d'un départ anticipé de l'armée française, une première, tandis que Gérard Longuet, ministre de la Défense, est dépêché sur place. Dans l'attente de ses conclusions, la France suspend "toutes les opérations de formation et d'aide au combat" de son armée en Afghanistan, a dit Nicolas Sarkozy (lire notre article : Afghanistan : la présence française remise en question ?).
Un mode opératoire en extension

Après la mort de deux soldats fin décembre, c'est la deuxième fois que des Français sont victimes de soldats de l'armée afghane. Mais plusieurs incidents similaires ont eu lieu ces deux dernières années contre la coalition.

Même si les motivations des meurtriers n'ont pas toujours été établies, elles laissent craindre une infiltration croissante des forces afghanes par les rebelles. Une perspective inquiétante puisque les forces afghanes sont censées prendre le relais de celles de l'Otan et sécuriser elles-mêmes le pays à la fin 2014.

Pour tenir cet objectif, l'Otan, ces dernières années, recruté et formé à marche forcée des dizaines de milliers de soldats et policiers locaux. Avec donc le risque d'infiltration par les talibans. Plusieurs récentes opérations de la rébellion ont ainsi été menées par des assaillants revêtus d'uniformes de la police ou de l'armée afghane, ou grâce à la complicité de membres des forces de sécurité.