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Les philharmoniques américains paradent à Pleyel

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Les philharmoniques américains paradent à Pleyel Empty Les philharmoniques américains paradent à Pleyel

Message par tisiphoné Lun 5 Sep - 15:58

Paris ne se refuse rien en accueillant du 2 septembre 2011 au 7 février 2012 à la Salle Pleyel la crème des grands orchestres américains, dont quatre de la bande des "Big Five", qui réunit les cinq phalanges philharmoniques les plus prestigieuses des Etats-Unis - celles de Chicago, Philadelphie, Cleveland et New York. Si l'Orchestre symphonique de Boston manque à l'appel, c'est qu'il est orphelin : son chef, James Levine, vient de quitter son poste début septembre, victime de sa mauvaise santé. Boston est donc "remplacé" par l'Orchestre symphonique de Pittsburgh qui, avec quelques autres, dont ceux de Los Angeles et de San Francisco, joue aussi dans la cour des grands.
On a découvert en 2009 l'impact de la crise sur ces géants, fragilisés par un mode de gestion fondé à plus de 50 % sur des financements privés, là où leurs homologues européens comptent sur les subventions publiques. Annulation de la tournée européenne de l'Orchestre de Philadelphie prévue à l'été 2009 ; de celle de l'Orchestre de Boston, qui devait se produire à Pleyel les 21 et 22 février 2010.

Aujourd'hui, les grands américains sont de retour. Mais à quel prix ? Economies drastiques et décisions austères forment la partie invisible de l'iceberg. Comme à l'Orchestre de Philadelphie qui, pour n'avoir pas de dettes, fonctionne, comme le confient ses dirigeants, "avec des pertes significatives et un déficit structurel de 14,5 millions de dollars (10,34 millions d'euros)".

L'orchestre a été contraint de se déclarer en faillite le 16 avril, se mettant ainsi sous la protection du "chapitre 11" de la loi américaine, qui permet à une entreprise de continuer à fonctionner tout en cherchant un accord avec ses créanciers. "Aucun concert ne sera annulé, mais une campagne de financement sans précédent a été lancée pour trouver 214 millions de dollars. Il s'agit de pallier la forte baisse des recettes et des donations, ainsi que le doublement des charges des retraites", expliquent le président et le directeur général du board, Richard B. Worley et Allison Vulgamore. Les sommes allouées au fonds de retraite seraient passées de 9,8 à 18,9 millions de dollars de 2008 à 2009, tandis que les revenus chutaient quasiment de moitié, passant de 53,1 à 29,4 millions de dollars. Le board met en garde : "Aucun philanthrope ou donateur n'aura d'intérêt pour l'orchestre si le niveau et la qualité musicale baissent."

Car si un orchestre souhaite garder ses musiciens de haut vol, il doit pouvoir les appâter. Or, tous ont dû procéder à des diminutions de salaires, dont la fourchette oscille entre 100 000 dollars et 121 500 dollars annuels. Ainsi à l'Orchestre de Cleveland, qui accusait en 2009, selon son directeur, Gary Hanson, un déficit de 7,5 millions de dollars. "En 2009, le directeur musical, Franz Welser-Möst, et le directeur ont consenti respectivement à des réductions de rémunération de 20 % et 15 %. Cela a été suivi par des réductions de 5 % à 10 % pour tous les salariés non syndiqués", explique la directrice de la communication, Ana Papakhian. Elle précise que le syndicat des musiciens et la direction de l'orchestre ont conclu un accord en janvier 2010 pour un nouveau contrat de trois ans, jusqu'au 2 septembre 2012 : "Un gel des salaires de deux ans à partir d'août 2011, suivi par une augmentation semestrielle de 3 % et 2 % l'année suivante. De plus, les musiciens feront don de dix services de répétition."

Autre remise en question, la réduction des effectifs administratifs : l'Orchestre symphonique de Pittsburgh a supprimé, en mars 2009, neuf emplois, pour économiser 400 000 dollars, tandis que l'Orchestre de Philadelphie remerciait 20 % de son personnel. Même le flamboyant Symphonique de Chicago, que dirige Riccardo Muti, a dû prévoir un plan d'économies de 4 millions de dollars : dix postes administratifs en moins, baisse de salaire des musiciens de 2,5 % pendant deux ans, ainsi que certains reports de programmation, comme celui de La Pasión Según San Marcos, d'Osvaldo Golijov, initialement prévue en mars 2010.

Cheville ouvrière, si l'on peut dire, le chef d'orchestre est au coeur du débat. Se contenter d'être un excellent directeur musical ne suffit pas, il faut aussi assumer les fonctions de personnage public. Parmi les raisons qui ont poussé Daniel Barenboim à quitter en 2006 l'Orchestre de Chicago, dont il était directeur depuis 1991, un clash avec le board, qui demandait au musicien un engagement toujours plus important dans la "community". Cela laisse rêveur de savoir qu'il existe des tombolas, dont le prix est pour l'heureux gagnant une soirée privée avec le maestro.

On comprend dès lors que le choix d'un chef, au-delà de la raison musicale, soit devenu une affaire de stratégie et de marketing. Les boards réfléchissent. Parfois longtemps. Il y a eu deux ans d'intérim à Chicago avant la nomination de Riccardo Muti. Chicago s'est rangé du côté des tenants de la tradition - un chef expérimenté et grisonnant à la baguette d'excellence. D'autres sont au contraire attirés par les sirènes médiatiques en misant sur un chef jeune et charismatique. C'est le cas du bouillonnant Gustavo Dudamel, Vénézuélien nommé en 2009 à Los Angeles, qui possède une importante communauté latino.

A New York, même combat : on a résolu l'après Kurt Masur et Lorin Maazel en choisissant en 2009 le chef américain Alan Gilbert, 44 ans, natif de New York, donnant ainsi une image claire de proximité au public.

Reste qu'au-delà d'une crise conjoncturelle, qui oblige à supprimer tout ce qui n'est pas immédiatement rentable, à suspendre les projets en direction du jeune public, à recentrer les programmations sur les standards de la musique classique, un malaise plus profond s'est installé dans le tissu social américain. C'est en tout cas l'avis d'Anne Azéma, qui vit et dirige aux Etats-Unis un ensemble de musique ancienne, la Camerata de Boston. "Les chiffres décrivent une situation qui dépasse de loin les problèmes économiques : il s'agit d'une véritable crise de la culture classique aux Etats-Unis, affirme-t-elle. Les années Reagan ont quasiment éradiqué l'éducation artistique à l'école. Le résultat est que les générations qui arrivent, y compris les élites, connaissent peu ou mal la culture classique."

Anne Azéma souligne que les donateurs cultivés des générations précédentes (en bref, les réfugiés de la deuxième guerre mondiale) ont laissé place à un mécénat qui leur préfère les arts plastiques. Les orchestres vont donc devoir s'adapter : "Il faudra qu'ils diversifient au maximum leurs activités et, peut-être, renoncent à un ancrage dans des villes que la récession a rendu économiquement fantômes."
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