Intermittents : la médiation du gouvernement, mission impossible ?
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Intermittents : la médiation du gouvernement, mission impossible ?
08.06.2014
Il faut sauver les festivals. Les menaces de grèves et d'annulations de spectacles se multiplient et le gouvernement a décidé de sortir de son silence. Samedi 7 juin, en fin d'après-midi, par un communiqué, le premier ministre, Manuel Valls, a confié au député Jean-Patrick Gille (PS, Indre-et-Loire) « une mission de propositions » sur l'assurance-chômage des artistes et des techniciens du spectacle, « afin de répondre à certaines inquiétudes ».
Depuis le 3 juin, le Printemps des Comédiens, à Montpellier, est en grève : l'équipe du festival de théâtre a adressé « un ultimatum » au gouvernement, lui demandant de ne pas agréer l'accord du 22 mars sur l'assurance-chômage.
Le gouvernement redoute désormais que la France revive le cauchemar de l'été 2003, quand la plupart des festivals avaient été annulés. Une catastrophe pour les artistes, les compagnies, le public et les collectivités locales, lesquelles sont les gros financeurs des festivals. Enfin, en pleine crise, un manque-à-gagner terrible pour les hôteliers, les cafetiers, les restaurateurs et l'activité touristique dans son ensemble.
UN RAPPORT À RENDRE SOUS QUINZE JOURS
Samedi, Jean-Patrick Gille s'apprêtait à partir dans un festival de rock, le bien nommé « Aucard de Tours » – au vu du climat électrique, avec l'occupation de l'Opéra Bastille, à Paris, samedi soir – , quand il a appris la nouvelle de sa nomination. Ancien rapporteur de la mission parlementaire sur les conditions d'emploi dans les métiers artistiques, en 2013, son rapport avait été adopté à l'unanimité et contenait diverses propositions en vue d'améliorer les annexes 8 (techniciens) et 10 (artistes) de l'Unedic.
Le premier ministre lui confie une triple mission : d'une part, il devra « évaluer, en mobilisant toutes les expertises disponibles, les effets réels » de l'accord du 22 mars, « en cours d'agrément », précise le communiqué ; d'autre part, il lui faudra « formuler des propositions pouvant répondre aux difficultés qui seraient – le cas échéant – identifiées à l'issue de cette analyse » ; enfin, il va devoir proposer « une méthode » pour la concertation tripartite entre l'Etat, les syndicats et le patronat, laquelle vise à lutter contre la précarité dans le secteur. Prévue dans l'accord du 22 mars, cette concertation « devra s'engager dès cet été », précise le communiqué.
Le délai est serré : Jean-Patrick Gille devra remettre ses propositions aux ministres François Rebsamen (travail) et Aurélie Filippetti (culture et communication) « sous quinze jours ». C'est-à-dire avant la fin du mois de juin et le démarrage des festivals d'été : Montpellier Danse, festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, festival d'Avignon, etc.
« LE CONTEXTE A CHANGÉ DEPUIS 2003 »
Jean-Patrick Gille mesure l'ampleur de la tâche : il ne s'agit pas de renégocier l'accord du 22 mars, certes, mais d'ouvrir de nouvelles discussions. La CFDT et le Medef accepteront-ils ? Ensuite, comment apaiser la colère des intermittents, qui eux demandent le non-agrément de l'accord et la réouverture officielle des négociations ? Se contenteront-ils de mesures correctives annexes ? « Il y a quelques jours, la CFDT et FO ne voulaient pas entendre parler d'une nouvelle discussion. Sinon, ils auraient rouvert les négociations ! Quant aux intermittents, ils veulent rejouer 2003, mais le contexte a changé. En 2003, le gouvernement voulait clairement revenir sur les droits des intermittents. Aujourd'hui, tous les ministres concernés ont exprimé leur soutien à leur régime spécifique », déclare Jean-Patrick Gille au Monde.
De fait, la Coordination nationale des Intermittents et Précaires (CIP), réunie au Printemps des Comédiens ce samedi, qualifie la proposition de Manuel Valls de « poudre aux yeux ». « Il n'y a que Rebsamen qui peut remettre autour de la table les partenaires sociaux, en n'agréant pas l'accord. Et que fait le premier ministre ? Il nomme un député qui va devoir essayer de faire discuter ensemble tous les protagonistes. Pour nous proposer quoi ? Une caisse autonome pour les plus fragiles ? Nous, on veut des droits sociaux pour tous ! », réagit Samuel Churin, comédien et membre de la CIP. Réunie à Montpellier, la CIP a annoncé samedi qu'elle continuait la lutte, et allait envoyer ses émissaires dans les festivals.
Il faut sauver les festivals. Les menaces de grèves et d'annulations de spectacles se multiplient et le gouvernement a décidé de sortir de son silence. Samedi 7 juin, en fin d'après-midi, par un communiqué, le premier ministre, Manuel Valls, a confié au député Jean-Patrick Gille (PS, Indre-et-Loire) « une mission de propositions » sur l'assurance-chômage des artistes et des techniciens du spectacle, « afin de répondre à certaines inquiétudes ».
Depuis le 3 juin, le Printemps des Comédiens, à Montpellier, est en grève : l'équipe du festival de théâtre a adressé « un ultimatum » au gouvernement, lui demandant de ne pas agréer l'accord du 22 mars sur l'assurance-chômage.
Le gouvernement redoute désormais que la France revive le cauchemar de l'été 2003, quand la plupart des festivals avaient été annulés. Une catastrophe pour les artistes, les compagnies, le public et les collectivités locales, lesquelles sont les gros financeurs des festivals. Enfin, en pleine crise, un manque-à-gagner terrible pour les hôteliers, les cafetiers, les restaurateurs et l'activité touristique dans son ensemble.
UN RAPPORT À RENDRE SOUS QUINZE JOURS
Samedi, Jean-Patrick Gille s'apprêtait à partir dans un festival de rock, le bien nommé « Aucard de Tours » – au vu du climat électrique, avec l'occupation de l'Opéra Bastille, à Paris, samedi soir – , quand il a appris la nouvelle de sa nomination. Ancien rapporteur de la mission parlementaire sur les conditions d'emploi dans les métiers artistiques, en 2013, son rapport avait été adopté à l'unanimité et contenait diverses propositions en vue d'améliorer les annexes 8 (techniciens) et 10 (artistes) de l'Unedic.
Le premier ministre lui confie une triple mission : d'une part, il devra « évaluer, en mobilisant toutes les expertises disponibles, les effets réels » de l'accord du 22 mars, « en cours d'agrément », précise le communiqué ; d'autre part, il lui faudra « formuler des propositions pouvant répondre aux difficultés qui seraient – le cas échéant – identifiées à l'issue de cette analyse » ; enfin, il va devoir proposer « une méthode » pour la concertation tripartite entre l'Etat, les syndicats et le patronat, laquelle vise à lutter contre la précarité dans le secteur. Prévue dans l'accord du 22 mars, cette concertation « devra s'engager dès cet été », précise le communiqué.
Le délai est serré : Jean-Patrick Gille devra remettre ses propositions aux ministres François Rebsamen (travail) et Aurélie Filippetti (culture et communication) « sous quinze jours ». C'est-à-dire avant la fin du mois de juin et le démarrage des festivals d'été : Montpellier Danse, festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, festival d'Avignon, etc.
« LE CONTEXTE A CHANGÉ DEPUIS 2003 »
Jean-Patrick Gille mesure l'ampleur de la tâche : il ne s'agit pas de renégocier l'accord du 22 mars, certes, mais d'ouvrir de nouvelles discussions. La CFDT et le Medef accepteront-ils ? Ensuite, comment apaiser la colère des intermittents, qui eux demandent le non-agrément de l'accord et la réouverture officielle des négociations ? Se contenteront-ils de mesures correctives annexes ? « Il y a quelques jours, la CFDT et FO ne voulaient pas entendre parler d'une nouvelle discussion. Sinon, ils auraient rouvert les négociations ! Quant aux intermittents, ils veulent rejouer 2003, mais le contexte a changé. En 2003, le gouvernement voulait clairement revenir sur les droits des intermittents. Aujourd'hui, tous les ministres concernés ont exprimé leur soutien à leur régime spécifique », déclare Jean-Patrick Gille au Monde.
De fait, la Coordination nationale des Intermittents et Précaires (CIP), réunie au Printemps des Comédiens ce samedi, qualifie la proposition de Manuel Valls de « poudre aux yeux ». « Il n'y a que Rebsamen qui peut remettre autour de la table les partenaires sociaux, en n'agréant pas l'accord. Et que fait le premier ministre ? Il nomme un député qui va devoir essayer de faire discuter ensemble tous les protagonistes. Pour nous proposer quoi ? Une caisse autonome pour les plus fragiles ? Nous, on veut des droits sociaux pour tous ! », réagit Samuel Churin, comédien et membre de la CIP. Réunie à Montpellier, la CIP a annoncé samedi qu'elle continuait la lutte, et allait envoyer ses émissaires dans les festivals.
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