Les fils Moubarak cachaient 300 millions de dollars en Suisse Alaa et Gamal Moubarak, les deux fils de l'ex-président égyptien, avaient mis à l'abri cette manne au Crédit suisse

Bonne nouvelle ! La Suisse a gelé dans des établissements bancaires autour de 575 millions d'euros appartenant à l'entourage de Hosni Moubarak, dont 300 millions de dollars (225 millions d'euros) déposés sur deux comptes communs ouverts par Alaa et Gamal Moubarak à Genève. Mauvaise nouvelle pour l'Égypte, le Tribunal pénal fédéral, la plus haute instance judiciaire de la Confédération, refuse,lui, l'accès au dossier, estimant que le pouvoir judiciaire égyptien n'est pas indépendant.

L'hebdomadaire dominical Le Matin Dimanche de Lausanne consacre aujourd'hui deux pages entières aux avoirs des deux frères Moubarak. Sur son site internet, il publie 28 autres pages de documents énumérant la liste impressionnante des biens que détenaient l'ancien président égyptien, sa famille et ses proches. Pas moins de 140 comptes bancaires ont été examinés en Suisse.
Plusieurs dizaines de millions à la BNP

Alaa possédait ainsi quatre appartements et deux villas dans le Nouveau Caire, cinq villas dans d'autres villes d'Égypte, de multiples parcelles de terre, d'innombrables sociétés, notamment aux îles Caïmans et à Chypre. Sans oublier 300 millions de dollars sur des comptes ouverts en Suisse, au Credit suisse et à BNP Paribas.

Le Matin Dimanche s'intéresse surtout au compte commun aux deux frères, enregistré en 2005 au Credit suisse à Genève et qui "pèserait" un peu moins de 300 millions de dollars. "Un autre compte chez BNP est mentionné, sans en spécifier sa dotation. Selon des sources bien informées, il compterait plusieurs dizaines de millions", assure l'hebdomadaire. S'il n'est pas interdit à un chef d'État étranger et à sa famille de posséder de l'argent en Suisse, en revanche, les banques ont l'obligation de vérifier que ces sommes ne sont pas le fruit de la corruption.
L'argent bloqué en Suisse

Alaa et Gamal Moubarak avaient-ils une activité qui leur permettait de laisser dormir 300 millions de dollars (225 millions d'euros) sur les bords du lac Léman ? Ce "sont des hommes d'affaires actifs dans la finance. Comme d'autres, ils ont très bien gagné leur vie dans les années 1990 et 2000", répond leur avocat genevois, Lionel Halpérin, interrogé par Le Matin Dimanche.

Ce n'est toutefois pas l'opinion du ministère public de la Confédération : Alaa et Gamal Moubarak sont sous le coup d'une procédure pénale pour "blanchiment d'argent et participation à une organisation criminelle". Interrogé par le journal, le Credit suisse se retranche derrière le secret bancaire. Quant à BNP Paribas (Suisse), elle répond que la Finma, l'autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, n'a pas engagé de procédure contre elle.

Toutefois, cette information ne devrait guère réjouir les autorités égyptiennes. En effet, par un arrêt du 12 décembre 2012, le Tribunal pénal fédéral refuse l'accès au dossier à l'Égypte, sous prétexte que le pays est instable politiquement et que son système judiciaire n'est pas indépendant du pouvoir politique. Ce n'est donc pas demain que l'argent repartira au Caire.