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PSA : pour 7 milliards, l'Etat s'offre un droit de regard dans un groupe privé

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PSA : pour 7 milliards, l'Etat s'offre un droit de regard dans un groupe privé Empty PSA : pour 7 milliards, l'Etat s'offre un droit de regard dans un groupe privé

Message par tisiphoné Jeu 25 Oct - 0:11

Situation inédite sur le front de l'interventionnisme. L'Etat a annoncé mercredi 24 octobre qu'il apportait sa garantie à hauteur de 7 milliards d'euros au pôle bancaire de PSA Peugeot Citroën et qu'il plaçait en échange un administrateur "indépendant" au conseil de surveillance du groupe, selon le premier ministre, Jean-Marc Ayrault.

"L'Etat nous permet de sécuriser le financement pour les trois prochaines années [...]. Il est normal qu'il y ait des contreparties", a confirmé de son côté Philippe Varin, le président du directoire de PSA, qui a parlé d'un membre du conseil de surveillance "indépendant avec un lien plus particulier avec l'Etat".

"Le concept d''administrateur indépendant lié à l'Etat' est intéressant, raille Jean-Clément Texier, banquier d'affaires indépendant. Que les pouvoirs publics demandent à nommer une personnalité qualifiée, soit. Mais, si elle est liée à l'Etat, elle ne peut pas être indépendante, par définition. S'il s'agit d'un membre de l'Agence des participations de l'Etat [l'organisme chargé d'exercer la fonction d'actionnaire de l'Etat], ce sera une première !"

Pour M. Texier, la réaction des marchés (l'action est tombée au plus bas en près de trente ans) traduit une inquiétude compréhensive : "Les Anglo-Saxons se demandent : à quand la nationalisation ? A qui cet administrateur va rapporter ? A quel ministre ? A l'industrie ? Aux finances ? Au redressement productif ?..."

INTRUSION DANS LE CÉNACLE FAMILIAL

Jusqu'à présent le conseil de surveillance était composé de membres de la famille Peugeot et d'administrateurs indépendants. L'annonce d'une intrusion dans ce cénacle familial a précipité le recul du titre, les investisseurs humant des relents d'un interventionnisme d'Etat dans la gestion d'un groupe privé.

De fait, il s'agit de la plus importante dans le secteur depuis celle de 2009 quand l'Etat avait prêté 6,5 milliards d'euros à PSA et Renault pour financer l'innovation. En échange, Carlos Ghosn et Christian Streiff, respectivement PDG de Renault et président de PSA, avaient signé une lettre d'engagement en matière d'emploi, d'investissement et d'une amélioration des relations avec leurs fournisseurs. Un engagement que n'a pas pris M. Varin.

Cependant, comme en 2009, PSA ne versera pas de dividende et limitera la rémunération variable des mandataires sociaux pendant la période de garanties publiques à sa filiale Banque PSA Finance (BPF).

Par ailleurs, PSA pourrait chercher à se conformer à la loi en "féminisant" son conseil de surveillance qui ne compte actuellement que trois femmes pour 13 hommes. Des noms parmi la liste des administrateurs certifiés de l'Institut français des administrateurs circulent déjà.

"AVOIR UN REGARD SUR LA SITUATION"

"Heureusement qu'il y a des garanties ! Si PSA se retrouvait en cessation de paiement, l'Etat – et le contribuable – pourrait s'asseoir sur 7 milliards d'euros. Sept milliards, c'est plus que la valorisation boursière de l'entreprise !", juge Jean-Claude Volot, l'ancien médiateur des relations inter-entreprises.

Selon lui, la formule de l'"administrateur indépendant lié à l'Etat" est non seulement "une façon comme une autre d'avoir un regard sur la situation" mais elle aurait pu être appliquée à l'époque où l'Etat s'est engagé auprès des banques – "Franchement, ça ne m'aurait pas choqué !"

En 2008, les banques, lors de la crise des subprimes, ont en effet obtenu des prêts, sur lesquels elles ont certes payé des intérêts mais en échange desquels elles n'ont pas cédé de contreparties ultérieures, en dépit des imprécations de plusieurs députés et personnalités économiques. Les dirigeants des banques avaient par contre décidé de renoncer à leur bonus au titre de 2008, une victoire symbolique pour l'Etat.

Jean-Claude Volot soutient encore plus énergiquement la présence d'un administrateur représentant les salariés dans la mesure où ceux-ci possèdent une partie du capital. "Les entreprises devront s'ouvrir de plus en plus à l'actionnariat salarié... ou faire face à un réajustement violent, affirme-t-il. Les salariés, de leur côté, sont mûrs. Au patronat de travailler sur le sujet."

INTERVENTIONNISME MAL ASSUMÉ

Après les nationalisations "stratégiques" de l'après-guerre et la vague socialiste de 1981, l'Etat a plutôt eu tendance à se désengager et n'est intervenu que de façon sporadique auprès des entreprises en cas de difficulté. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) est un exemple de cet interventionnisme mal assumé.

Détenu à 51 % par la Caisse des dépôts et consignations et à 49 % par l'Etat, il est censé sécuriser le capital d'entreprises hexagonales face à la menace de prises de contrôles étrangères. Mais le FSI a aussi tendance à faire incursion dans des groupes ou des secteurs en difficulté. Il a ainsi investi 700 millions d'euros dans 130 entreprises grâce à des fonds sectoriels comme le fonds de modernisation des équipementiers automobiles.

"Quelle que soit la façon d'intervenir, on peut se réjouir que l'Etat ne reste pas inactif face aux entreprises en difficulté en période de crise, estime Olivier Pastré, professeur d'économie à Paris VIII. Le gouvernement américain a beaucoup moins de ces pudeurs de jeune fille à aider General Motors ! Ni les Anglais à sauver leurs banques !"

Reste qu'il subsiste des doutes sur les capacités de cet "administrateur indépendant" à imposer les vues du gouvernement. "Cette formule contradictoire, indépendant et lié à l'Etat, garantit un niveau d'informations aux pouvoirs publics mais pas forcément d'influence", avance M. Pastré. Mais, Jean-Claude Volot assure que les deux administrateurs de Renault (où l'Etat a 15 %) "défendent vigoureusement les intérêts de l'Etat". C'est la pression politique qui a été décisive quand Carlos Ghosn a voulu délocaliser la production de la Clio en Turquie.
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