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Comment Désir s'est imposé sur Cambadélis

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Comment Désir s'est imposé sur Cambadélis Empty Comment Désir s'est imposé sur Cambadélis

Message par tisiphoné Mer 12 Sep - 21:16

Récit d'une «drôle de guerre» entre le numéro 2 du PS et le député de Paris pour la place de premier secrétaire du Parti.

Vendredi 24 août, La Rochelle. Martine Aubry arrive au Muséum d'histoire naturelle, où elle organise chaque année un «cocktail», en marge de l'université d'été du PS. La première secrétaire tombe sur Jean-Christophe Cambadélis, qui attend Harlem Désir. Le député de Paris a proposé à son rival d'arriver avec lui au «pot de Martine» mais le numéro 2 du parti est en retard. «Qu'est-ce-que tu fais là, Jean-Christophe? Tu viens?», lance Aubry à «Camba». Le député de Paris, avec gourmandise: «Je n'allais pas lui dire: “ben non, j'attends Harlem…” Je suis donc arrivé avec elle.»

Dans la bibliothèque du muséum, la première secrétaire prend le micro. À ses côtés, Cambadélis boit du petit-lait. Plusieurs minutes plus tard, Désir arrive en hâte, en nage, essoufflé. D'un coup d'épaule, hop, il se glisse aux côtés du député de Paris, au plus près de «Martine». Côte à côte, les deux rivaux affichent un sourire crispé en écoutant religieusement celle qui a la pouvoir de les faire «roi».
Un casus belli

Ce chassé-croisé s'est reproduit plusieurs fois à La Rochelle, parfois à l'avantage de Cambadélis, parfois à celui de Désir. Même si les deux candidats ont pris soin de ne pas s'affronter ouvertement pendant l'université d'été, placée sous le signe de la «victoire» et de «l'unité». Mais, en coulisses, chacun fait campagne à sa manière. Soucieux d'installer l'idée que sa candidature est «la plus naturelle», le numéro 2 du PS multiplie les médias. Challenger, Cambadélis préfère les rendez-vous discrets. «Comme on dit chez les trotskistes: bien creusé, vieille taupe!», confie alors ce dernier.

Parti favori au printemps, Désir sent le vent tourner, à la fin de l'été, quand Martine Aubry entame ses consultations avec les barons du parti. Attentif à ne pas braquer la première secrétaire, François Hollande a décidé de ne pas faire de la nomination de «Camba» - qu'il n'aime pas - un casus belli, au grand dam de l'ex-président de SOS-Racisme, persuadé que le président finirait par mettre son veto. En Afrique du Sud, où il s'envole pour le congrès de l'Internationale socialiste, le député de Paris se montre radieux, sûr de lui. Mais au fur et à mesure que se rapproche la «dead line» (le 12 septembre, date du conseil national du PS qui doit enregistrer les motions), le climat se tend entre les deux candidats.

Par médias interposés, ils s'envoient des flèches empoisonnées. «Camba» accuse Désir d'être «le candidat du gouvernement», tandis que Désir jure qu'il est le plus «rassembleur», sous-entendant que son rival est incapable de faire la «synthèse» au PS. En privé, ils se montrent plus féroces encore. Désir, faussement apitoyé: «Camba n'est soutenu par personne et il le sait. Il essaye de donner le change. Il se dit: “si Harlem fait une connerie, je serai là”.» Cambadélis, début septembre: «Harlem est fébrile. Il pensait qu'il serait choisi car c'est le plus petit dénominateur commun. Mais tout le monde se rend comte qu'il est un peu léger, transparent. Le problème d'Harlem, c'est qu'il n'imprime pas. Il est langue de bois.»
L'hypothèse d'un «troisième homme»

La semaine dernière a été décisive. Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault - aiguillonnés par les barons du parti - oscillent plusieurs fois entre les deux candidats. Le numéro 2 du parti tient la corde lundi et mardi. Mercredi, le vent tourne une nouvelle fois en faveur de Camba. Sentant le danger, les pro-Désir - Stéphane Le Foll, Vincent Peillon, Pierre Moscovici et Manuel Valls - décident de sortir du bois. Ces quatre ministres jugent que Désir sera «plus plastique» que le député de Paris. Agacé de s'être fait entraîner par Aubry et Ayrault dans une motion commune pour le congrès, ils n'ont pas renoncé à peser dans le choix du premier secrétaire et veulent garder la main sur le PS. Peillon, qui apporte mercredi son soutien à Désir, ouvre le feu. Ses trois comparses lui emboîtent le pas. «Nous étions inquiets, confie le proche d'un des ministres. Camba allait gagner. Il fallait réagir.»

En fin de semaine, nouveau retournement: Aubry lâche Cambadélis (qui l'a aidée à devenir première secrétaire en 2008). Elle préfère se battre pour obtenir la place de numéro 2 pour son protégé, Guillaume Bachelay, l'inventeur de la «gauche molle», formule qu'elle a employée contre François Hollande pendant la primaire. La première secrétaire doit aussi se rendre à l'évidence: Désir rassemble davantage que Cambadélis. «Puisque personne ne se met d'accord, Hollande va devoir trancher», regrette vendredi soir le député de Paris. Lundi soir, nouveau blocage. L'hypothèse d'un «troisième homme» (Bachelay, poussé par Aubry) refait surface. Le député de Paris a vu sa cote remonter suffisamment pour toucher du doigt son rêve de toujours: succéder à François Mitterrand à la tête du Parti socialiste. «Cela s'est joué à trois fois rien», a reconnu Cambadélis sur son blog.
Le décryptage de Nicolas Barotte: la main invisible de François Hollande

Il n'a pas suivi le match. Contrairement à ce qu'indiquait son agenda, le président de la République n'a pas ­assisté à la rencontre de l'équipe de France de football contre la Biélo­russie, mardi soir. Mais de loin, il a pu suivre une autre compétition (moins palpitante): celle pour le PS. François Hollande, simple spectateur? Ce serait mal connaître le chef de l'État. Pendant onze ans, il a dirigé le PS. La politique (avec le foot) est sa passion. La direction du parti est un enjeu pour la stabilité de sa majorité. Deux raisons pour qu'il s'y intéresse. Pourtant, dès son élection, le président avait ­affirmé qu'il n'interviendrait plus dans la vie de son parti.

Harlem Désir, premier secrétaire du PS? Ça lui va. «Le résultat n'est pas mauvais au final», concède-t-on à l'Élysée. Connu pour sa neutralité politique, Harlem Désir est une solution plus rassurante pour François Hollande. Avec Jean-Christophe Cambadélis, les relations auraient été compliquées: les deux hommes ont toujours été opposés au sein du PS. Un autre proche du président est encore plus net: «Le président est satisfait, il avait sa préférence. Ce qui ne veut pas dire qu'il était à la manœuvre.» Faut-il le croire? Le choix d'Harlem Désir «vient d'en haut», ont laissé entendre certains de ses partisans. «Ce n'est pas comme cela que Hollande fonctionne», répond un autre responsable.

La consigne de François Hollande était simple: ne pas embêter Martine Aubry. Voilà pour rassurer la première secrétaire. C'était en effet le premier objectif du président: obtenir le départ en douceur de la maire de Lille pour apaiser les relations avec le parti. Le président a donc laissé toutes les options ouvertes. Ensuite, il a observé. «C'est le plus fort, s'amuse un expert des négociations socialistes. Dès qu'il a été sûr que Martine Aubry s'en allait, il a laissé les siens agir.» Hollande n'a rien dit ni pour les inciter ni pour les dissuader. Il a laissé faire la main invisible du hollandisme. Ses partisans, qui préféraient Désir, avaient l'avantage. Le contrôle du PS est assuré sans qu'aucun homme fort ne s'installe à Solferino. Et tant pis si le député européen manque de punch politique, alors que le PS est censé porter la riposte à l'UMP.

Jean-Christophe Cambadélis, qui tenait la corde à la fin de l'été, aurait-il été un si mauvais choix pour l'Élysée? En réalité, le président n'avait pris aucun risque. Il s'était entretenu avec les deux candidats pour s'assurer de leur loyauté. La bataille du PS n'a pas eu lieu et c'est tout ce qui importait au chef de l'État. «Il n'y a qu'une motion majoritaire», se félicite-t-on à l'Élysée. Le débat est clos. Hollande ne demandait que cela.
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