Train à 1 euro : les incivilités à l’arrivée

Incivilités, vols, insultes les commerçants du Grau-du-Roi (Gard) en ont ras-le-bol ! Avec le billet de train à un euro pour relier Nîmes à la côte, ils subissent les incivilités des groupes de jeunes qui profitent de l'offre. « Ils sont lâchés sans encadrement » déplorent les commerçants.


Avec un billet de train à 1 euro pour rallier Nîmes au Grau-du-Roi sur la côte, de nombreuses personnes aux ressources limitées en profitent. Ces jeunes profitent d'une initiative mise en place pour la deuxième année consécutive par la région Languedoc-Roussillon : un billet de train à 1 euro seulement pour rallier Nîmes aux plages de la station balnéaire du Grau-du-Roi (2 euros aller-retour). Plusieurs rames font l'aller-retour dans la journée (des rames de 600 places), et avec un prix aussi attractif, elles sont souvent bien remplies. Malheureusement, une fois le train arrivé à destination, certains voyageurs se lâchent. Venus des quartiers difficiles de Nîmes pour passer l'après-midi à la plage, jeunes et moins jeunes commettent nombres d’incivilités. Insultes, crachats, menaces, trop c'est trop pour les commerçants qui ont lancé plusieurs pétitions.
Les gendarmes ne suffisent pas
Chaque arrivée en gare ravive la crainte des commerçants. Pour endiguer le phénomène, la sécurité ferroviaire est présente en permanence dans les trains. Mais une fois les jeunes arrivés sur la côte, les patrouilles de gendarmes (qui accueillent et encadrent les arrivants en gare du Grau-du Roi) ne suffisent visiblement pas à dissuader les voleurs. Les commerçants se plaignent de ne pas être pris en compte. Jeudi avait lieu une réunion au conseil général du Gard à la demande de la préfecture. Aucun élu du département ou de la région ne s'est déplacé.
« Des groupes de jeunes qui manquent d’éducation »
Anthony est commerçant au Grau-du-Roi, il tient une salle de jeux vidéo. Qui sont ces personnes qui se comportent mal au Grau-du-Roi ? « Ce sont des groupes de jeunes qui viennent avec ce train à un euro. Ils sont complètement lâchés dans la nature sans aucun encadrement et qui manquent complètement d’éducation. Ce sont des vols, des agressions verbales, physiques et des menaces. "On reviendra avec une équipe", c’est la menace classique. On l’entend tous les jours. Du coup nous, on a tous mis sous vidéo surveillance l’année dernière. Mais tout cela nuit beaucoup à l’image de la station et l’image de la station c’est pourtant très important pour nous parce qu’on vit beaucoup du tourisme ».
« Ma fille s’est faite traiter de grosse cochonne »
Carole tient la poissonnerie Thalassa au Grau-du-Roi, située sur le chemin entre la gare et la plage. Elle aussi subit les insultes et les incivilités : « Pour un regard je me suis fait traiter de tous les noms d’oiseaux. Ma fille qui a 15 ans s’est fait traiter, elle, de grosse cochonne parce qu’elle avait un short. On est vraiment en insécurité. Certains commerçant me racontent : "parfois il y en a un qui rentre en short et pied nu, il repart habillé de la tête au pied de mon magasin". Le train à un euro c’est vrai que ça fait plaisir à des familles qui n’ont pas les moyens de venir profiter de la plage mais après ce n’est plus la famille qui prend ces trains. La famille elle a peur de venir dans les trains. On habite à Chicago aujourd’hui. Ou plutôt ChicaGrau. On ne peut pas continuer comme ça ».
« La réponse à l’incivilité est délicate »
Didier Defert est conseiller municipal du Grau-du-Roi, en charge des commerçants. Il se sent un peu désemparé : « La municipalité ne peut pas faire grand-chose. Pour l’instant elle ne fait que subir. Les gendarmes vont faire ce qu’ils peuvent mais on est confronté à des mineurs. La réponse à l’incivilité est délicate. On ne sait pas trop ce qu’il faut faire. La région, l’organisatrice du billet à un euro doit comprendre qu’elle est en train de massacrer un tissu économique et une station familiale. Il est impératif qu’elle réagisse. On nous laisse avec nos problèmes. C’est scandaleux ».