Nous sommes retournés voir Dieudonné à La Main d'or L En janvier, Le Point.fr avait assisté à une représentation du "Mur". Le spectacle a depuis été interdit et remplacé par"Asu Zoa". Nous y sommes allés. Verdict.
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Nous sommes retournés voir Dieudonné à La Main d'or L En janvier, Le Point.fr avait assisté à une représentation du "Mur". Le spectacle a depuis été interdit et remplacé par"Asu Zoa". Nous y sommes allés. Verdict.
19.02.2014
"Vous avez une réservation ?" interroge un CRS posté à quelques mètres du théâtre de La Main d'or. Vérification faite, les fans de Dieudonné n'ont plus qu'à faire la queue dans le froid. Des policiers en civil patrouillent dans une voiture banalisée et une dizaine de fourgons de police stationnent à proximité. Un groupe d'amis se roule un joint sans se soucier de la présence des forces de l'ordre. Parmi eux, une jeune fille mal fagotée reproche à François Hollande d'être un "soldat en mission pour Israël". Manuel Valls n'est pas épargné. Les insultes contre lui pleuvent. Accusé de tous les maux, il est devenu "l'ennemi public numéro un". L'heure tourne. Les premiers spectateurs s'impatientent. Ils sont vite rassurés. "Allez-y, c'est toujours aussi génial !" s'enthousiasme un homme en sortant de la première représentation de la soirée.
Les gardes du corps de Dieudonné invitent les spectateurs à entrer au compte-gouttes. Le prix du ticket n'a pas changé. Pas moins de quarante euros. Les places inoccupées se comptent sur les doigts de la main. Jacky Sigaux, le régisseur son et lumière, est ovationné par le public. Le comédien entre en scène avec plus de vingt minutes de retard. Les premières quenelles sont glissées dans la foulée. Le décor n'a pas changé, la première vanne non plus : "Moi, au niveau président, je me suis arrêté à Pétain. J'aime bien la casquette, la moustache. Je trouve que ça lui donne un côté Mario Bros. Non, il était marrant, ce mec." Des rires gras résonnent dans la salle.
L'humoriste n'a pas retiré son costume d'agitateur politique. Seul sur la scène, il se gondole et paraît plus que satisfait de sa petite plaisanterie. Son one-man-show a beau avoir changé de nom, Dieudonné ressert la même mauvaise soupe. À la différence près que le comédien "anti-système" s'est plié aux injonctions de la justice française. Les références à Hitler ont toutes disparu. Les blagues antisémites ont, elles aussi, été expurgées. Si Dieudonné semble s'être rangé, il joue encore avec le feu pour le grand plaisir de son auditoire. Christiane Taubira est toujours assimilée à "une guenon", et Manuel Valls à un chien répondant aux ordres de la Licra. En se dissimulant derrière ses invités fictifs, Dieudonné persiste à distiller une prose flirtant avec l'interdit.
Un spectacle édulcoré
Élie Semoun, son ex-compagnon de scène, est encore une fois la cible de vannes douteuses. Alain Jakubowicz, le président de la Licra, est raillé avec des mots peu agréables. Plus rancunier que jamais, Dieudonné s'attaque de nouveau au gouvernement. Son public le prend de vitesse. Il n'a même pas besoin de finir ses phrases que les spectateurs se marrent déjà. Sa haine contre le mariage homosexuel est toujours aussi virulente. En se glissant dans la peau d'un Camerounais marchand d'enfants, il explique "ne pas toucher l'homosexuel" par peur d'être frappé du mauvais sort. Bref, rien de folichon dans tout ça. Sauf qu'au jeu de l'imitation Dieudonné a un certain talent. Difficile même de ne pas sourire en l'écoutant passer sans fausse note de l'accent belge à l'accent sénégalais.
Patrick Cohen n'a pas été oublié. Dieudonné prend un malin plaisir à ressasser sa charge à l'encontre du journaliste de France Inter. Mais il ne regrette plus les chambres à gaz. Ses fans le font à sa place. Lui préfère se poser en victime d'un système médiatique corrompu jusqu'à la moelle. Suivent une série de sketches ennuyeux. Le comédien se retire ensuite dans sa loge. Au désespoir de ses fidèles venus avec des ananas, il n'a pas entonné Shoananas, l'hymne des adeptes de la quenelle. Pour les consoler, il a promis de signer quelques autographes. Les plus déçus sont invités à se rabattre sur l'achat de produits dérivés. Bref, Asu Zoa n'est rien d'autre qu'une version édulcorée du Mur. Les passages amputés n'ont pas été remplacés. Le spectacle en est plus court. Tant mieux.
"Vous avez une réservation ?" interroge un CRS posté à quelques mètres du théâtre de La Main d'or. Vérification faite, les fans de Dieudonné n'ont plus qu'à faire la queue dans le froid. Des policiers en civil patrouillent dans une voiture banalisée et une dizaine de fourgons de police stationnent à proximité. Un groupe d'amis se roule un joint sans se soucier de la présence des forces de l'ordre. Parmi eux, une jeune fille mal fagotée reproche à François Hollande d'être un "soldat en mission pour Israël". Manuel Valls n'est pas épargné. Les insultes contre lui pleuvent. Accusé de tous les maux, il est devenu "l'ennemi public numéro un". L'heure tourne. Les premiers spectateurs s'impatientent. Ils sont vite rassurés. "Allez-y, c'est toujours aussi génial !" s'enthousiasme un homme en sortant de la première représentation de la soirée.
Les gardes du corps de Dieudonné invitent les spectateurs à entrer au compte-gouttes. Le prix du ticket n'a pas changé. Pas moins de quarante euros. Les places inoccupées se comptent sur les doigts de la main. Jacky Sigaux, le régisseur son et lumière, est ovationné par le public. Le comédien entre en scène avec plus de vingt minutes de retard. Les premières quenelles sont glissées dans la foulée. Le décor n'a pas changé, la première vanne non plus : "Moi, au niveau président, je me suis arrêté à Pétain. J'aime bien la casquette, la moustache. Je trouve que ça lui donne un côté Mario Bros. Non, il était marrant, ce mec." Des rires gras résonnent dans la salle.
L'humoriste n'a pas retiré son costume d'agitateur politique. Seul sur la scène, il se gondole et paraît plus que satisfait de sa petite plaisanterie. Son one-man-show a beau avoir changé de nom, Dieudonné ressert la même mauvaise soupe. À la différence près que le comédien "anti-système" s'est plié aux injonctions de la justice française. Les références à Hitler ont toutes disparu. Les blagues antisémites ont, elles aussi, été expurgées. Si Dieudonné semble s'être rangé, il joue encore avec le feu pour le grand plaisir de son auditoire. Christiane Taubira est toujours assimilée à "une guenon", et Manuel Valls à un chien répondant aux ordres de la Licra. En se dissimulant derrière ses invités fictifs, Dieudonné persiste à distiller une prose flirtant avec l'interdit.
Un spectacle édulcoré
Élie Semoun, son ex-compagnon de scène, est encore une fois la cible de vannes douteuses. Alain Jakubowicz, le président de la Licra, est raillé avec des mots peu agréables. Plus rancunier que jamais, Dieudonné s'attaque de nouveau au gouvernement. Son public le prend de vitesse. Il n'a même pas besoin de finir ses phrases que les spectateurs se marrent déjà. Sa haine contre le mariage homosexuel est toujours aussi virulente. En se glissant dans la peau d'un Camerounais marchand d'enfants, il explique "ne pas toucher l'homosexuel" par peur d'être frappé du mauvais sort. Bref, rien de folichon dans tout ça. Sauf qu'au jeu de l'imitation Dieudonné a un certain talent. Difficile même de ne pas sourire en l'écoutant passer sans fausse note de l'accent belge à l'accent sénégalais.
Patrick Cohen n'a pas été oublié. Dieudonné prend un malin plaisir à ressasser sa charge à l'encontre du journaliste de France Inter. Mais il ne regrette plus les chambres à gaz. Ses fans le font à sa place. Lui préfère se poser en victime d'un système médiatique corrompu jusqu'à la moelle. Suivent une série de sketches ennuyeux. Le comédien se retire ensuite dans sa loge. Au désespoir de ses fidèles venus avec des ananas, il n'a pas entonné Shoananas, l'hymne des adeptes de la quenelle. Pour les consoler, il a promis de signer quelques autographes. Les plus déçus sont invités à se rabattre sur l'achat de produits dérivés. Bref, Asu Zoa n'est rien d'autre qu'une version édulcorée du Mur. Les passages amputés n'ont pas été remplacés. Le spectacle en est plus court. Tant mieux.
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