"Hollande porte le mieux les valeurs de Chevènement"

La décision de Jean-Pierre Chevènement de se retirer de la course à l'Élysée fait le bonheur du Parti socialiste. Depuis cette annonce, les ténors du PS soulignent les points de convergences entre les idées du ''Che'' et celles de François Hollande.
Rien ne dit que l'histoire ne bégayera pas une nouvelle fois, le 22 avril prochain, dix ans quasiment jour pour jour après l'élimination, dès le premier tour de l'élection présidentielle, du candidat socialiste Lionel Jospin. Mais si jamais François Hollande était amené à revivre pareille aventure, la faute ne serait pas imputable, cette fois, à Jean-Pierre Chevènement.

L'ancien ministre de l'Intérieur a en effet décidé, mercredi, de se retirer de la course à l'Élysée. « Ayant pu exercer, autant que je le pouvais, le rôle pédagogique que je m’étais assigné, et n’ayant plus aujourd’hui les moyens de continuer ma campagne, je décide de retirer ma candidature à l’élection présidentielle », a-t-il annoncé dans un communiqué.
"Respect"

Déjà, le Parti socialiste se met en ordre de marche pour ramener dans son escarcelle le sénateur du Territoire de Belfort. Cela commence par des hommages. « Le PS a beaucoup de respect pour Jean-Pierre Chevènement et son engagement pour la République », souligne Delphine Batho, porte-parole de François Hollande. « C'est un personnage politique de premier rang, écouté avec respect par une grande partie des Français, renchérit Najat Vallaud-Belkacem, interrogée par France-Soir. Sa contribution au débat public est éminente, et ce depuis des années. » Même salut du côté d'Arnaud Montebourg. Sur BFM-TV, le chantre de la « démondialisation » a voulu « rendre hommage à Jean-Pierre Chevènement qui par ses idées, sa ténacité, sa vision a porté les couleurs de la gauche et de la France depuis des années ».

Le temps des éloges terminé, vient celui de la séduction. François Hollande, le premier, a lancé un appel clair à Jean-Pierre Chevènement. « Je pense que c'est sage de sa part (de se retirer de la course à l'Élysée, NDLR), de faire en sorte que nous puissions nous rassembler dès le premier tour », a réagi le candidat socialiste sur RTL.

Sa porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem, va encore plus loin : « C'est un homme qui a toujours préféré la défense de ses convictions aux logiques purement partisanes ou aux alliances qui pourraient heurter le fond de ses valeurs républicaines, explique-t-elle. C'est sur une véritable proximité idéologique qu'il rejoindra, s'il décide de le faire, François Hollande, car de fait, c'est ce dernier qui porte aujourd'hui le mieux les valeurs si chères à Jean-Pierre Chevènement : la République retrouvée, la souveraineté nationale, l'ambition pour l'Europe,... »
Chevènement entretient le suspens

En 2007, Chevènement avait apporté son soutien à Ségolène Royal. Cette fois, le sénateur entretient le suspens. « J’indiquerai bien sûr, le moment venu, le candidat à l’élection présidentielle auquel, les yeux ouverts, j’apporterai mon soutien », écrit-il mercredi. Reste à savoir si l'heureux élu sera Hollande ; les divergences sont nombreuses entre les deux hommes, notamment concernant l'Union européenne.

Début janvier, dans une interview à Marianne, l'ancien ministre de l'Intérieur avait ainsi interpelé le candidat PS. « Il est temps de faire preuve de plus d’imagination et de sortir des sentiers balisés par le Traité de Maastricht il y a 20 ans », avait-il déclaré à l'adresse du socialiste. « Même s'il y a encore des divergences dans l'approche européenne, des convergences existent », tempère Delphine Batho, évoquant notamment la renégociation du traité européen voulu par le candidat PS. Hollande a « tout à fait raison » de vouloir renégocier, avait estimé le « Che » en décembre dernier.