Des étudiants iraniens attaquent l'ambassade britannique à Téhéran

TEHERAN (AP) — Des étudiants iraniens radicaux ont pris d'assaut l'ambassade de Grande-Bretagne et la résidence de l'ambassadeur à Téhéran mardi, descendant le drapeau de l'Union Jack, jetant des documents par les fenêtres ou brûlant un véhicule diplomatique. Des scènes qui rappellent celles de la prise de l'ambassade des Etats-Unis en 1979.

Ces incidents sont survenus deux jours après le vote dimanche au Parlement iranien d'une loi réduisant les relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne en réponse au renforcement des sanctions occidentales contre l'Iran, soupçonné de développer un programme nucléaire militaire.

Malgré la présence de la police anti-émeute, la foule a franchi l'enceinte de l'ambassade en lançant des pierres et cocktails Molotov, aux cris de "Mort à l'Angleterre". Une voiture tout-terrain était en flammes devant le bâtiment de brique, le drapeau britannique a été remplacé par une bannière au nom du saint de l'islam chiite, l'imam Hussein, et un portrait de la reine Elizabeth II a été déchiré.

Les manifestants ont appelé à la fermeture de l'ambassade, qualifiée de "nid d'espions" comme celle des Etats-Unis où 52 personnes avaient été retenues en otages pendant 444 jours après la révolution islamique de 1979.

A l'extérieur de l'ambassade, des manifestants ont brûlé des drapeaux britanniques et se sont accrochés avec la police. Moins de deux heures plus tard, les policiers semblaient avoir repris le contrôle des lieux mais l'agence de presse officielle IRNA a affirmé qu'environ 300 personnes avaient pénétré dans la résidence de l'ambassadeur de Grande-Bretagne dans un autre secteur de Téhéran et remplacé des drapeaux britanniques par ceux de l'Iran.

L'agence de presse semi-officielle Mehr a fait état de six employés pris en otages mais cela n'a pas été confirmé.

Le ministère britannique des Affaires étrangères s'est déclaré "scandalisé" par ces attaques. "C'est parfaitement inacceptable et nous le condamnons", a fait savoir le Foreign Office, soulignant que le droit international exigeait de l'Iran qu'il protège les missions et représentants diplomatiques. Il a conseillé aux Britanniques en Iran de rester chez eux et de faire profil bas. Une porte-parole a déclaré que les autorités vérifiaient que les employés et diplomates étaient indemnes.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a également condamné l'attaque. "Une fois de plus, le régime iranien vient d'administrer la preuve du peu de considération dans laquelle il tient la légalité internationale", estime-t-il dans un communiqué. "La France dénonce cette violation flagrante et scandaleuse de la convention de Vienne (... Elle) tient les autorités iraniennes pour responsables de la sécurité et de l'intégrité de toutes les missions diplomatiques à Téhéran", a-t-il souligné. AP