Fillon-Jouyet, les secrets d'un déjeuner piégé
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Fillon-Jouyet, les secrets d'un déjeuner piégé
10.11.2014
La rencontre a eu lieu au restaurant Ledoyen. Et c'est Jean-Pierre Jouyet qui en a pris l'initiative auprès du secrétariat d'Antoine Gosset-Grainville.
Jean-Pierre Jouyet et François Fillon divergent sur à peu près tous les points. Le déjeuner qui fait aujourd'hui l'objet du scandale a eu lieu le 24 juin au Pavillon Ledoyen, à deux pas du palais de l'Élysée, dans un salon privé. Néanmoins, la rencontre n'a pas le caractère d'un secret absolu dans la mesure où les trois protagonistes sont entrés et sortis par la grande porte au vu et au su de la clientèle.
En effet, ils étaient trois. Antoine Gosset-Grainville, l'ancien directeur adjoint du cabinet de François Fillon à Matignon, qui est aussi un ami de Jean-Pierre Jouyet, a joué les intermédiaires pour monter ce déjeuner. Qui prend l'initiative d'une telle rencontre ? Selon Le Monde, Jouyet prétend que c'est Fillon qui charge Gosset-Grainville de monter la rencontre. Fillon et Gosset-Grainville affirment le contraire. Selon nos informations, le secrétariat de Jean-Pierre Jouyet a pris l'initiative de contacter le secrétariat d'Antoine Gosset-Grainville pour demander d'organiser un déjeuner à trois.
Rappelons que les trois hommes ont participé à l'aventure du gouvernement Fillon I et II, puisque Jean-Pierre Jouyet, ami de trente ans de François Hollande, avait accepté d'être secrétaire d'État aux Affaires européennes de Fillon entre mai 2007 et décembre 2008. C'est d'ailleurs la seule période de brouille connue entre Jouyet et Hollande, qui n'avait pas apprécié cette "trahison"... Passons.
Jouyet se dédit et plante Fillon
Après avoir démenti ses propos au Monde, Jean-Pierre Jouyet opère, au vu de l'enregistrement sonore brandi par les journalistes du Monde, un demi-tour millimétré par une déclaration lue à l'Agence France-Presse. "François Fillon m'a fait part de sa grave préoccupation concernant l'affaire Bygmalion, affirme Jouyet. Il s'en est déclaré profondément choqué. [...] Il a également soulevé la question de la régularité du paiement des pénalités payées par l'UMP pour le dépassement des dépenses autorisées dans le cadre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy." Il ajoute : "J'ai fait part à mes interlocuteurs du fait que la présidence de la République ne pouvait rien s'agissant de cette procédure relevant de la justice."
De leur côté, François Fillon et Antoine Gosset-Grainville nient la teneur de cet entretien qui, selon leurs dires, n'était qu'amical. L'ancien Premier ministre se dit victime d'un "complot", d'une "affaire d'État", de "boules puantes" visant à l'éliminer. Deux hommes contre la parole du secrétaire général de l'Élysée. Trois amis qui se déchirent en public. Et derrière Jouyet, l'ombre du président de la République. Il y a de quoi rester interdit devant un tel spectacle.
Sarkozy va se faire un plaisir de sauver le soldat Fillon
Depuis maintenant vingt-quatre heures, Jouyet avait deux options : soit il protégeait son amitié avec Fillon et admettait avoir menti aux journalistes. François Hollande ne pouvait que s'en séparer. Soit il reconnaissait ses propos en déclenchant - sans doute bien malgré lui - une guerre politique avec François Fillon et l'ensemble de la droite. Moyennant quoi, François Hollande peut le soutenir, disons, quelques mois, le temps que cette affaire s'éloigne...
Pour la droite, le ton a été donné par Henri Guaino ce matin sur Europe 1 : l'UMP va jouer à fond le "complot élyséen" et l'unité face à un pouvoir socialiste très affaibli. Se diviser serait tomber dans un piège. Dans un contexte de pré-élection présidentielle, l'unité - même de façade - s'impose. Le soldat Fillon, blessé au combat, sera sauvé par la magnanimité de Nicolas Sarkozy qui posera en fabuleux rassembleur. Du pain bénit pour sa campagne pour la présidence de l'UMP.
Dès lors, la vérité n'a plus aucune importance. Les rôles sont fixés : ce sera au couteau, camp contre camp. La guerre droite-gauche sur les affaires aura donc été déclenchée par l'élément qui faisait jusqu'ici le trait d'union, Jean-Pierre Jouyet. Quelle triste fable !
La rencontre a eu lieu au restaurant Ledoyen. Et c'est Jean-Pierre Jouyet qui en a pris l'initiative auprès du secrétariat d'Antoine Gosset-Grainville.
Jean-Pierre Jouyet et François Fillon divergent sur à peu près tous les points. Le déjeuner qui fait aujourd'hui l'objet du scandale a eu lieu le 24 juin au Pavillon Ledoyen, à deux pas du palais de l'Élysée, dans un salon privé. Néanmoins, la rencontre n'a pas le caractère d'un secret absolu dans la mesure où les trois protagonistes sont entrés et sortis par la grande porte au vu et au su de la clientèle.
En effet, ils étaient trois. Antoine Gosset-Grainville, l'ancien directeur adjoint du cabinet de François Fillon à Matignon, qui est aussi un ami de Jean-Pierre Jouyet, a joué les intermédiaires pour monter ce déjeuner. Qui prend l'initiative d'une telle rencontre ? Selon Le Monde, Jouyet prétend que c'est Fillon qui charge Gosset-Grainville de monter la rencontre. Fillon et Gosset-Grainville affirment le contraire. Selon nos informations, le secrétariat de Jean-Pierre Jouyet a pris l'initiative de contacter le secrétariat d'Antoine Gosset-Grainville pour demander d'organiser un déjeuner à trois.
Rappelons que les trois hommes ont participé à l'aventure du gouvernement Fillon I et II, puisque Jean-Pierre Jouyet, ami de trente ans de François Hollande, avait accepté d'être secrétaire d'État aux Affaires européennes de Fillon entre mai 2007 et décembre 2008. C'est d'ailleurs la seule période de brouille connue entre Jouyet et Hollande, qui n'avait pas apprécié cette "trahison"... Passons.
Jouyet se dédit et plante Fillon
Après avoir démenti ses propos au Monde, Jean-Pierre Jouyet opère, au vu de l'enregistrement sonore brandi par les journalistes du Monde, un demi-tour millimétré par une déclaration lue à l'Agence France-Presse. "François Fillon m'a fait part de sa grave préoccupation concernant l'affaire Bygmalion, affirme Jouyet. Il s'en est déclaré profondément choqué. [...] Il a également soulevé la question de la régularité du paiement des pénalités payées par l'UMP pour le dépassement des dépenses autorisées dans le cadre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy." Il ajoute : "J'ai fait part à mes interlocuteurs du fait que la présidence de la République ne pouvait rien s'agissant de cette procédure relevant de la justice."
De leur côté, François Fillon et Antoine Gosset-Grainville nient la teneur de cet entretien qui, selon leurs dires, n'était qu'amical. L'ancien Premier ministre se dit victime d'un "complot", d'une "affaire d'État", de "boules puantes" visant à l'éliminer. Deux hommes contre la parole du secrétaire général de l'Élysée. Trois amis qui se déchirent en public. Et derrière Jouyet, l'ombre du président de la République. Il y a de quoi rester interdit devant un tel spectacle.
Sarkozy va se faire un plaisir de sauver le soldat Fillon
Depuis maintenant vingt-quatre heures, Jouyet avait deux options : soit il protégeait son amitié avec Fillon et admettait avoir menti aux journalistes. François Hollande ne pouvait que s'en séparer. Soit il reconnaissait ses propos en déclenchant - sans doute bien malgré lui - une guerre politique avec François Fillon et l'ensemble de la droite. Moyennant quoi, François Hollande peut le soutenir, disons, quelques mois, le temps que cette affaire s'éloigne...
Pour la droite, le ton a été donné par Henri Guaino ce matin sur Europe 1 : l'UMP va jouer à fond le "complot élyséen" et l'unité face à un pouvoir socialiste très affaibli. Se diviser serait tomber dans un piège. Dans un contexte de pré-élection présidentielle, l'unité - même de façade - s'impose. Le soldat Fillon, blessé au combat, sera sauvé par la magnanimité de Nicolas Sarkozy qui posera en fabuleux rassembleur. Du pain bénit pour sa campagne pour la présidence de l'UMP.
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