le gouvernement détricote le système égalitaire de la Sécu
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le gouvernement détricote le système égalitaire de la Sécu
21.04.2014
Gérald Kierzek, le médecin de l'Hôtel-Dieu de Paris s'insurge contre les annonces sur la santé contenues dans le plan d'économies de 50 milliards d'euros de Valls.
Le Point.fr : Urgentiste, vous présidez l'association "Hôpital pour tous de défense de l'Hôtel-Dieu de Paris". Pourquoi les annonces sur la santé contenues dans le plan d'ensemble d'économies de 50 milliards de Manuel Valls vous ont-elles choqué ?
Gérald Kierzek (*) : Le président Hollande venait de dire, dans le discours qui a suivi la défaite du PS aux élections municipales, que la santé faisait partie de ses priorités, et la semaine suivante, son nouveau Premier ministre nous dit qu'il faudra gagner 21 milliards d'euros sur la Sécu..., plus que le montant du déficit de l'Assurance maladie ! C'est pour le moins incohérent et irréaliste.
Ne pensez-vous pas que le système mérite d'être rationalisé et qu'il est possible de faire moins de dépenses sans que les soins en pâtissent ?
À l'heure où Barack Obama investit largement pour que tous les citoyens bénéficient enfin d'une couverture du risque maladie, la France, qui a inventé au sortir de la guerre cette formidable machine égalitaire qu'est la Sécu, est en train de la détricoter petit bout par petit bout. Bientôt, on se souviendra qu'on avait eu en France le "meilleur système de santé du monde", mais déjà ce qualificatif est en train de rejoindre les pièces de musée. Les seules économies éthiquement acceptables et peut-être rentables sur le long terme sont celles découlant de la qualité et de la pertinence des soins. La bureaucratisation croissante, les mouvements de privatisation et la déconnexion des élites médico-administratives avec le terrain sont contre-productifs et dangereux. Est-il normal et efficient sur le plan économique que certains établissements engagent quatre à cinq contrôleurs de gestion pour piloter l'activité de nos établissements, soit un coût moyen avec charges sociales de 300 000 à 400 000 euros par an ?
Avec les progrès de la médecine, il semble pourtant possible de diminuer les hospitalisations. N'imaginez-vous pas que le développement de l'ambulatoire puisse dégager de grosses économies ?
L'hospitalisation à domicile se développe déjà partout où c'est possible, mais avec le vieillissement de la population, certains malades ne peuvent être renvoyés chez eux trop tôt, et cela peut parfois coûter aussi cher. Ce qu'on voit à l'oeuvre, avec ce gouvernement comme avec les précédents, c'est une vision managériale, déconnectée de la réalité soignante et ne parlant que d'indicateurs et d'efficience enrobés de concepts de communication. Sur le terrain, on assiste à la mort des hôpitaux de proximité au profit de mastodontes que je n'hésite pas à appeler "usines à malades", comme on a fait des "usines à bébés" avec les maternités de niveau 3. Non seulement les malades n'y trouvent pas leur compte, les équipes soignantes perdent ce qu'il y a d'humain dans leur métier, mais rien n'indique que cela soit plus efficace sur le plan économique. Au final, c'est un détricotage du système bâti dans l'après-guerre et une privatisation rampante de la Sécu, au profit des assureurs et du marché. En quoi est-ce une politique de gauche ?
Gérald Kierzek, le médecin de l'Hôtel-Dieu de Paris s'insurge contre les annonces sur la santé contenues dans le plan d'économies de 50 milliards d'euros de Valls.
Le Point.fr : Urgentiste, vous présidez l'association "Hôpital pour tous de défense de l'Hôtel-Dieu de Paris". Pourquoi les annonces sur la santé contenues dans le plan d'ensemble d'économies de 50 milliards de Manuel Valls vous ont-elles choqué ?
Gérald Kierzek (*) : Le président Hollande venait de dire, dans le discours qui a suivi la défaite du PS aux élections municipales, que la santé faisait partie de ses priorités, et la semaine suivante, son nouveau Premier ministre nous dit qu'il faudra gagner 21 milliards d'euros sur la Sécu..., plus que le montant du déficit de l'Assurance maladie ! C'est pour le moins incohérent et irréaliste.
Ne pensez-vous pas que le système mérite d'être rationalisé et qu'il est possible de faire moins de dépenses sans que les soins en pâtissent ?
À l'heure où Barack Obama investit largement pour que tous les citoyens bénéficient enfin d'une couverture du risque maladie, la France, qui a inventé au sortir de la guerre cette formidable machine égalitaire qu'est la Sécu, est en train de la détricoter petit bout par petit bout. Bientôt, on se souviendra qu'on avait eu en France le "meilleur système de santé du monde", mais déjà ce qualificatif est en train de rejoindre les pièces de musée. Les seules économies éthiquement acceptables et peut-être rentables sur le long terme sont celles découlant de la qualité et de la pertinence des soins. La bureaucratisation croissante, les mouvements de privatisation et la déconnexion des élites médico-administratives avec le terrain sont contre-productifs et dangereux. Est-il normal et efficient sur le plan économique que certains établissements engagent quatre à cinq contrôleurs de gestion pour piloter l'activité de nos établissements, soit un coût moyen avec charges sociales de 300 000 à 400 000 euros par an ?
Avec les progrès de la médecine, il semble pourtant possible de diminuer les hospitalisations. N'imaginez-vous pas que le développement de l'ambulatoire puisse dégager de grosses économies ?
L'hospitalisation à domicile se développe déjà partout où c'est possible, mais avec le vieillissement de la population, certains malades ne peuvent être renvoyés chez eux trop tôt, et cela peut parfois coûter aussi cher. Ce qu'on voit à l'oeuvre, avec ce gouvernement comme avec les précédents, c'est une vision managériale, déconnectée de la réalité soignante et ne parlant que d'indicateurs et d'efficience enrobés de concepts de communication. Sur le terrain, on assiste à la mort des hôpitaux de proximité au profit de mastodontes que je n'hésite pas à appeler "usines à malades", comme on a fait des "usines à bébés" avec les maternités de niveau 3. Non seulement les malades n'y trouvent pas leur compte, les équipes soignantes perdent ce qu'il y a d'humain dans leur métier, mais rien n'indique que cela soit plus efficace sur le plan économique. Au final, c'est un détricotage du système bâti dans l'après-guerre et une privatisation rampante de la Sécu, au profit des assureurs et du marché. En quoi est-ce une politique de gauche ?
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