Quel avenir pour Christiane Taubira ?

13.03.2014

La ministre de la Justice est mise en difficulté par l'affaire des écoutes. Mais cela fait de longs mois que son avenir au gouvernement est l'objet de nombreuses rumeurs.




C'est une ritournelle entêtante qui flotte dans les couloirs du pouvoir. Elle date de plusieurs mois. Elle s'en va, elle revient. C'est un tout petit rien. Elle émane de ministres, de conseillers, d'élus. Elle dit que Christiane Taubira serait fatiguée, qu'elle en aurait marre, envie de prendre le large, envie d'écrire. La ministre de la Justice, devenue un symbole à gauche depuis qu'elle a défendu la loi sur le mariage pour tous à l'Assemblée il y a pile un an, aurait des envies d'ailleurs.

Christiane Taubira vient tout juste de publier un livre, aux éditions Flammarion. Pour riposter au racisme dont elle est victime, à cette triste insulte proférée par une enfant devenue le symbole de la violence encaissée par la ministre : "C'est pour qui, la banane ? C'est pour la guenon ?" L'ouvrage s'appelle Paroles de liberté, comme une envie. De liberté, justement.

Il est sorti le 5 mars, avant l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, devenue par un tour de passe-passe orchestré avec habileté par l'UMP l'affaire Taubira. Elle n'y est pas pour rien, la ministre de la Justice, qui a menti sur le plateau du 20 heures de TF1 en disant qu'elle ignorait tout de la procédure à l'encontre de l'ancien président. Puis en présentant avec maladresse à la presse mercredi des documents attestant le contraire.
La Culture, l'Éducation, la Justice... ou rien ?

"Elle a fait le choix de la résistance", lâche un député socialiste juste après l'intervention-surprise de Taubira lors du point de presse de la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem. Et l'élu d'énumérer les autres possibilités qui s'offraient à elle : "dos rond, démission, diversion". "Elle voulait arrêter, écrire. Maintenant, ils sont obligés de la garder", lâche-t-il. Décryptage: si François Hollande se sépare de Christiane Taubira maintenant, il donnera le sentiment de céder à la pression de la droite.

Un ministre n'attendait pas cette affaire des écoutes pour plaider le maintien de cette ministre issue des rangs du PRG au gouvernement. "On ne peut pas se passer du symbole", martelait-il la semaine dernière. Selon lui, qui s'entend bien avec elle, l'idéal serait que Taubira s'installe rue de Valois, au ministère de la Culture. Plus tranquille que la Justice, parfait pour cette érudite, amoureuse des mots d'Aimé Césaire.

Pourtant, L'Express affirme ce matin qu'elle se voit bien rester Place Vendôme, pour défendre la réforme pénale, déjà reportée par le gouvernement.

Au même moment, Le Figaro lâche sur son site : "On dit que Christiane Taubira rêvait d'être transférée au ministère de l'Éducation nationale." Autant dire qu'on prête beaucoup d'envies à l'ancienne députée de Guyane, qui n'en demande pas tant.