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Les vieilles recettes du FN pour séduire les enseignants

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Les vieilles recettes du FN pour séduire les enseignants  Empty Les vieilles recettes du FN pour séduire les enseignants

Message par tisiphoné Sam 12 Oct - 15:27

12.10.2013

Une poignée de professeurs réunis dans un collectif se veut être le fer de lance de la conquête du corps enseignant par le Front national.



"Des crassouillards", "des fumeurs de shit aux savates éculées", Jean-Marie Le Pen n'a jamais maîtrisé l'art de séduire les professeurs. Mais, depuis, le FN a fait son mea culpa. "Longtemps, nous avons commis l'erreur de penser que vous étiez complices ou passifs face à la destruction de l'école", s'excusait sa fille, Marine Le Pen, lors de la campagne présidentielle de 2012. L'opération de reconquête commence à porter ses fruits. Le collectif Racine, un rassemblement d'enseignants affilié au Front national, est né. Ses fondateurs lui promettent un grand succès. Son lancement est prévu samedi 12 octobre à Paris.

Professeur certifié de philosophie, Alain Avello, 42 ans, est l'initiateur du collectif. Militant au Front national depuis 2011, il n'est pas peu fier de revendiquer 90 adhérents. Un chiffre qu'il dit en constante augmentation. Et cela, "grâce aux médias qui accourent". Pourtant, sur le site internet du collectif, ils ne sont que seize à figurer sur la liste des signataires. Des noms pas tout à fait inconnus au bataillon du FN puisque la plupart ont déjà été candidats lors d'élections locales... Mais le collectif voit grand. Sur fond de déclin de l'école et de malaise des profs, le Front estime que sa petite musique peut séduire plus qu'une poignée de militants.

Pour l'instant, on en est loin. Quand il était jeune professeur, Alain Avello dit s'être d'abord "vaguement" syndiqué à Force ouvrière, où il s'est plu à côtoyer des "républicains et des trotskystes". Aujourd'hui, il ne supporte plus ces syndicats, qu'il juge responsables du piteux état de l'école. Dans son lycée nantais, il rase les murs. "Mes collègues ne m'adressent plus la parole. Ils m'évitent dans les couloirs", raconte-t-il. Si la pilule passe mal avec les professeurs, Alain Avello prétend que ses élèves - parfaitement au courant - ne lui font pas autant de misères. Preuve, selon lui, que le FN n'est plus le diable et que "les choses évoluent".
Un héritage du chevènementisme ?

Autre membre fondateur du collectif Racine - la seule issue de l'enseignement primaire -, Valérie Laupies, directrice d'une école classée Zep à Tarascon, est une figure du Front national dans les Bouches-du-Rhône. Elle a adhéré en 2007, poussée par Alain Soral. Une décision qui a longtemps effrayé celle qui pensait être une "sectaire de gauche". Dans la foulée, elle rencontre Jean-Marie Le Pen, qui ne manque pas de la remarquer. "Je n'étais pas trop vieille", avance-t-elle. Très vite, elle siège à ses côtés au conseil régional de Provence-Alpes-Côtes d'Azur. Seule ombre au tableau, Valérie Laupies ne partage pas la conception "libérale de l'école" du patriarche, qui fait de l'école publique un repaire de marxistes et considère que le salut ne viendra que du privé. À l'époque, le FN soutient l'idée d'un chèque-éducation où les parents sont libres de choisir leur école, les frais étant entièrement pris en charge par l'État. L'institutrice, elle, défend l'idée d'une école républicaine. Marine Le Pen la prend sous son aile et en fait sa conseillère en matière d'éducation.

Valérie Laupies partage un autre point commun avec plusieurs membres du collectif : avoir voté Jean-Pierre Chevènement lors de la présidentielle de 2002. Et pour cause, le candidat avait fait de l'Éducation nationale sa priorité numéro deux - "Une école efficace et exigeante : la transmission des savoirs, l'autorité de maîtres mieux formés, la concentration des efforts sur les matières indispensables à une bonne insertion dans la société ; l'école doit former de nouveau des citoyens." Un discours très populaire auprès d'une majorité d'enseignants, qui feront à leur ancien ministre un triomphe : selon une étude du Cevipof publiée à la veille de l'élection présidentielle de 2012, 15 % des enseignants ont voté pour Chevènement en 2002, contre 5,5 % de l'ensemble des Français.

À l'époque, les profs n'étaient que 5 % à voter pour les candidats d'extrême droite... un score jugé marginal. En 2007, le vote pour l'extrême droite progresse. Le FN réalise un score de 7 % auprès des profs, tandis que Philippe de Villiers obtient 5 % des voix. François Bayrou et Nicolas Sarkozy recueillent respectivement 24 et 17 % des suffrages. Des résultats qui tendent à démontrer que l'Éducation nationale n'est plus la chasse gardée de la gauche. Mais, en 2012, beaucoup rentrent au bercail. 5 % des enseignants glissent dans l'urne un bulletin au nom de Marine Le Pen, selon Alain Avello.
"L'extrême droite n'aime pas la République"

Pour siphonner les voix enseignantes, les frontistes se contentent de reprendre la vulgate chevènementiste. Le texte fondateur du collectif Racine - Redresser l'école -, publié dans Le Figaro du 2 mai 2013, précise ainsi ses futurs combats : "la fin de l'idéologie permissive de mai 68", "la fin du collège unique", le durcissement des sanctions ou encore l'enseignement de la lecture par la "méthode syllabique". Bref, un retour en arrière, plutôt éloigné de l'action plus subtile de Chevènement, qui, par exemple, créa le bac professionnel pour atteindre son objectif : mener 80 % d'une classe d'âge au bac.

Pour Jean-Michel Barreau, historien spécialiste de l'école à l'université de Lorraine (1), "Marine Le Pen est une excellente dribleuse. Mais il ne faut jamais oublier qu'elle joue avec le ballon de l'extrême droite". En clair, le discours du Front sur l'école n'a rien de nouveau et reflète son caractère profondément réactionnaire : "Les propositions du collectif Racine sont les mêmes que celles de Jean-Marie Le Pen au début des années 1980, assure-t-il. Le Front national n'aime pas la République. Et l'école républicaine est synonyme de déchéance pour Le Pen." L'universitaire rappelle que "le FN a toujours plaidé pour la sélection", pas étonnant donc qu'il s'oppose au collège unique, "synonyme d'intégration". Selon lui, les thèses du collectif Racine respirent "la nostalgie", défendent une certaine "beauté de l'école d'antan", les leçons apprises par coeur, la dictée sans fautes, les cours de morale... "L'idée du c'était mieux avant est omniprésente au Front national." Mais aucune école dans le monde n'est parvenue à progresser en appliquant les recettes des années 1950.

(1) Jean-Michel Barreau est professeur de sciences de l'éducation à l'université de Lorraine. Spécialiste de l'histoire de l'école, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur le sujet dont : L'extrême droite, l'école et la République : petits détours par l'histoire, publié en 2003, aux éditions Syllepses.

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