les eaux usées révèlent où on consomme des drogues

Une équipe du CNRS de Paris-Sud s’est penchée sur la concentration de drogues dans les eaux usées de 25 communes françaises. Selon leur étude, rapportée par Docbuzz, Lille et ses alentours arriveraient en tête pour le cannabis et la cocaïne, Montpellier pour l’ecstasy.

Cannabis : 5 fois plus à Lille qu’à Amsterdam

C’est une méthode expérimentale, menée en collaboration avec Veolia. Trois chercheurs du Laboratoire Écologie, Systématique et Évolution du CNRS/Université Paris-Sud, se sont basés sur les prélèvements d’eaux usées pour estimer la consommation de stupéfiants de leurs habitants. L’étude mesure la concentration de 17 drogues illégales dans 25 collecteurs d’eaux usées.

Selon leur enquête, lancée officiellement en 2012, Lille et ses environs arrivent en tête pour le cannabis et la cocaïne. Le taux de consommation de la poudre blanche varie de 1 409 mg par jour pour 1 000 habitants pendant la semaine à 2 434 mg par jour pour 1 000 habitants le week-end. Quant à la consommation de marijuana, elle serait 5 fois plus élevée qu’à Amsterdam !

Montpellier, Perpignan et Avignon affichent également des taux records. Autour de la capitale héraultaise, on consommerait près de 5 fois plus d’ecstasy que dans le reste de la France.

Contestation de Martine Aubry

Martine Aubry a vivement réagi aux conclusions de l’étude, selon France 3 Nord Pas-de-Calais. La maire de Lille a précisé que les prélèvements avaient été effectués le week-end de la braderie, « un moment où la ville accueille plus de 2 millions de personnes ».

Martine Aubry a ajouté que les données du Baromètre santé de l’INPES publié en mars 2013 établissaient que « le niveau de consommation des drogues dans le Nord Pas de Calais, quel que soit le produit stupéfiant étudié, est inférieur depuis de nombreuses années à la moyenne constatée dans le reste du pays. »

Avranches, Lorient et Saint-Malo dans l’étude ?

« Le niveau de consommation est globalement plus faible dans l’Ouest que dans le reste de la France », indique Yves Levi, professeur ayant réalisé l’étude avec Thomas Nefau, Sara Karolak, Luis Castillo et Véronique Boireau.

Selon les cartes accompagnant l’étude, les alentours d’Avranches, Lorient et Saint-Malo ont fait partie de l’enquête. Mais l’étude initiale ne cite pas le nom des villes dans lesquelles les dosages ont été réalisés. « Nous ne souhaitions pas mettre en avant une ville ou une autre, explique Yves Levi. Il s’agit uniquement de donner des estimations pour que les maires des zones concernées puissent cibler au mieux leur politique de prévention contre les drogues ».

Sophie PAMS.

Les drogues recherchées étaient la cocaïne et ses métabolites (benzoylecgonine, ecgonine méthyl ester, norcocaïne et coca-éthylène qui se forme en cas de consommation concomitante d’alcool), les drogues synthétiques (amphétamine, méthamphétamine, 3,4-méthylène-dioxy-N-méthyl amphétamine, 3,4-méthylènedioxyamphetamine et 3,4- methylenedioxy – Nethylamphetamine), les opiacés (héroïnes et ses métabolites 6-monoacetylmorphine et morphine), les substituts d’opiacés (buprénorphine et méthadone) et enfin le cannabis (11-nor-delta-9-hydroxytetrahydrocannabinol). Les collecteurs dont les eaux ont été analysées drainaient les eaux de villes de 10 000, 30 000 et 100 000 habitants dont Paris et l’île de la Réunion.