Les élèves britanniques vont devoir travailler plus pour mériter plus Un peu paresseux... Pour le ministre de l'Éducation britannique, c'est sûr, les écoliers doivent passer plus de temps devant le tableau noir.

"Peut et doit mieux faire. Beaucoup mieux." C'est un stylo rouge trempé dans le vitriol que le ministre de l'Éducation britannique a pris pour rédiger son appréciation des performances du système scolaire national. Extraits sévères du bulletin : "Une école encore formatée pour le siècle dernier, inefficace pour les élèves venant de familles modestes et peu éduquées."

Dans le viseur de Michael Gove, les vacances, qu'il juge trop nombreuses, et les journées, bien trop courtes à son goût. 190 jours d'école par an, c'est effectivement unanimement jugé insuffisant en Grande-Bretagne. Mais à quoi s'attaquer ? Personne n'est d'accord, mais le ministre a sa solution : "6 semaines l'été, le summerbreak, c'est inutile, juge-t-il ainsi. Pourquoi ne pas s'en tenir au rythme recommandé par les spécialistes, 6 semaines de cours, et maximum deux semaines de vacances ?"

Pas la peine non plus, juge Michael Gove, de conserver plus de deux semaines au mois d'octobre. "Quand j'étais écolier à Aberdeen, avance-t-il, ces vacances servaient à ce que chacun rentre dans sa famille pour aider à ramasser les pommes de terre. Mais ce monde n'existe plus, la Grande-Bretagne n'est plus une économie agricole ! D'ailleurs, les foyers où les deux parents travaillent sont devenus la norme, et là aussi il faut que l'école en tienne compte avec des journées moins courtes."

Relation tendue

Un élève britannique enfile son uniforme, jupe plissée ou pantalon bleu marine et cravate de rigueur, pour rejoindre les bancs de l'école à peu près à la même heure que ses homologues européens : à 8 h 30 ou 9 heures selon les académies. En revanche, la cloche sonne en fin de journée vers 15 heures ou 15 h 30. Bien plus tôt qu'en France, c'est vrai, mais à la même heure, voire un peu plus tard, qu'en Allemagne. Et comme outre-Rhin, le sport, la musique ou le dessin sont des activités considérées généralement comme relevant de l'initiative, et donc aussi du porte-monnaie, des familles.

Reste que ce n'est pas avec l'Europe que le ministre de l'Éducation entend concourir, mais avec l'Asie du Sud-Est : la Chine, Hong-Kong et Singapour, voilà pour lui les modèles de la compétition mondiale à rattraper ! Les écoliers y seraient plus studieux, dotés d'un sens de l'effort plus grand, et singulièrement dans le haut du panier en sciences. Une comparaison qui a le don d'agacer les syndicats d'enseignants. Pour Brian Lightman de l'Association des responsables des écoles et collèges (ASCL), "les changements dans le système scolaire devraient être fondés sur de solides preuves documentées, des résultats de recherches reconnus et acceptés par tous, et non sur des anecdotes provenant d'autres pays avec des cultures et un rapport à l'éducation très différents".

Reste que la relation entre les tories et les enseignants est en train de se tendre. Un député conservateur du pays de Galles n'est pas loin de mettre les enseignants des écoles publiques de sa région au piquet. "Ils ne sont pas assez ambitieux pour leurs classes, a-t-il accusé cette semaine, et c'est pour ça que le nombre d'élèves gallois admis à Oxford et Cambridge est en chute libre." Colère des profs qui s'estiment peu soutenus dans leurs efforts. Mais dans un pays qui chérit l'élitisme, la baisse des entrées à "Oxbridge", le saint des saints, vaut tous les systèmes d'alarme du monde.