Cannabis : un an de déclarations contradictoires au PS
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Cannabis : un an de déclarations contradictoires au PS
Le loupé de Vincent Peillon sur la dépénalisation du cannabis ravive un débat qui divise les socialistes depuis la primaire de 2011.
Par CHARLIE DUPIOT
Tout avait commencé avec le rapport du député PS Daniel Vaillant qui, pour pallier à l’échec de la politique en vigueur, proposait en juin 2011 de créer «une filière nationale du cannabis inspirée de celle du tabac». Cette proposition avait mis les futurs candidats à la primaire socialiste dans une position inconfortable, les obligeant à se prononcer sur le sujet. Et tous, à l'exception de Jean-Michel Baylet, avaient alors choisi la position de la fermeté.
Un front anticannabis pour la primaire
Le soir du débat télévisé, le président du Parti radical de gauche s’est révélé bien seul en proposant un Etat qui commercialiserait lui-même le cannabis. La secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, n'a défendu que la dépénalisation de l’usage pour les consommateurs qui auraient «moins de 5 grammes dans la poche», Ségolène Royal s'est dite défavorable à une légalisation «tant qu’on n’a pas prouvé qu’on a mis tous les moyens pour démanteler les réseaux» de trafiquants, Arnaud Montebourg affirmant : «Je n’ai pas envie que nous soyons un pays où il est autorisé d’utiliser des drogues fussent-elles douces», et Manuel Valls : «Etre de gauche, c’est lutter contre toutes les dépendances possibles et la drogue quelle qu’elle soit est une dépendance.» En juin 2011, le désormais ministre de l’Intérieur avait déjà déclaré que légaliser le cannabis pourrait conduire à envisager un jour de légaliser l’héroïne ou la cocaïne si ces drogues dures venaient à «prendre la même ampleur.» Dernier à s’exprimer sur le sujet, François Hollande avait donné ce qui deviendra sa ligne de conduite comme Président : «Il faudra changer de législation, oui. Est-ce qu’il faut maintenir l’interdit? Je l’affirme.»
Rebsamen recadré par Hollande
Pendant la campagne, à la veille du premier tour, François Rebsamen, conseiller sécurité du candidat PS, propose lors d’un meeting de supprimer le délit de consommation de cannabis du Code pénal, pour le remplacer par une simple contravention. Mais le sénateur-maire de Dijon est vite rabroué, d’abord par la porte-parole du candidat Delphine Batho – qui affirme que la légalisation «n’est pas d’actualité» – puis par François Hollande lui-même qui sur Europe1 réaffirme son attachement à rester dans une «logique pénale». Il est hors de question pour le candidat d’envoyer un signal de «laxisme» en reprenant cette proposition dans son programme.
Duflot se rebelle, le gouvernement étouffe le débat
Depuis l’élection de François Hollande, le gouvernement a tenté d’éviter un nouveau débat sur la dépénalisation (lire Libération du 6 juin 2012). Malgré l’échec incontestable de la prohibition, le gouvernement Hollande n’a pas l’intention d’alléger la législation en vigueur. Pourtant, Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, en pleine campagne pour les législatives, réaffirme sur RMC-BFM TV être toujours favorable à la dépénalisation du cannabis : «Je sais que ce n’est pas la position du gouvernement, mais là, je suis la secrétaire nationale d’EE-LV, et je dis quelle est notre position.» La ministre est désavouée le jour même par Jean-Marc Ayrault, et sa déclaration jugée «pour le moins inappropriée» par le député PS Serge Blisko. Ce qui donne à l’UMP de quoi dénoncer la «cacacophonie dans le gouvernement Ayrault».
Vincent Peillon parle et se ravise
C'est Vincent Peillon que le Premier ministre a dû ce lundi remettre au pas. Le ministre de l’Education nationale, qui s’était dit dimanche 14 octobre en faveur d’un débat sur la dépénalisation du cannabis, un «sujet majeur», est revenu sur ses propos, affirmant qu’il s’agissait d’une «réflexion personnelle», qui ne contrevenait pas à «sa solidarité totale et entière» avec le gouvernement. Une mise au pas qui pourrait en dissuader d’autres au PS de relancer le débat de la dépénalisation…
Par CHARLIE DUPIOT
Tout avait commencé avec le rapport du député PS Daniel Vaillant qui, pour pallier à l’échec de la politique en vigueur, proposait en juin 2011 de créer «une filière nationale du cannabis inspirée de celle du tabac». Cette proposition avait mis les futurs candidats à la primaire socialiste dans une position inconfortable, les obligeant à se prononcer sur le sujet. Et tous, à l'exception de Jean-Michel Baylet, avaient alors choisi la position de la fermeté.
Un front anticannabis pour la primaire
Le soir du débat télévisé, le président du Parti radical de gauche s’est révélé bien seul en proposant un Etat qui commercialiserait lui-même le cannabis. La secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, n'a défendu que la dépénalisation de l’usage pour les consommateurs qui auraient «moins de 5 grammes dans la poche», Ségolène Royal s'est dite défavorable à une légalisation «tant qu’on n’a pas prouvé qu’on a mis tous les moyens pour démanteler les réseaux» de trafiquants, Arnaud Montebourg affirmant : «Je n’ai pas envie que nous soyons un pays où il est autorisé d’utiliser des drogues fussent-elles douces», et Manuel Valls : «Etre de gauche, c’est lutter contre toutes les dépendances possibles et la drogue quelle qu’elle soit est une dépendance.» En juin 2011, le désormais ministre de l’Intérieur avait déjà déclaré que légaliser le cannabis pourrait conduire à envisager un jour de légaliser l’héroïne ou la cocaïne si ces drogues dures venaient à «prendre la même ampleur.» Dernier à s’exprimer sur le sujet, François Hollande avait donné ce qui deviendra sa ligne de conduite comme Président : «Il faudra changer de législation, oui. Est-ce qu’il faut maintenir l’interdit? Je l’affirme.»
Rebsamen recadré par Hollande
Pendant la campagne, à la veille du premier tour, François Rebsamen, conseiller sécurité du candidat PS, propose lors d’un meeting de supprimer le délit de consommation de cannabis du Code pénal, pour le remplacer par une simple contravention. Mais le sénateur-maire de Dijon est vite rabroué, d’abord par la porte-parole du candidat Delphine Batho – qui affirme que la légalisation «n’est pas d’actualité» – puis par François Hollande lui-même qui sur Europe1 réaffirme son attachement à rester dans une «logique pénale». Il est hors de question pour le candidat d’envoyer un signal de «laxisme» en reprenant cette proposition dans son programme.
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