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La rentrée sous contraintes de Vincent Peillon

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La rentrée sous contraintes de Vincent Peillon Empty La rentrée sous contraintes de Vincent Peillon

Message par tisiphoné Lun 3 Sep - 13:06

Le ton a changé. "Confiance", "réussite de tous", "refondation"... Les maîtres mots de Vincent Peillon sonnent plus agréablement aux oreilles des enseignants que ceux de son prédécesseur, Luc Chatel, qui parlait "autonomie", "ressources humaines", "personnalisation". La méthode elle aussi a évolué : le 5 juillet, le nouveau ministre a lancé une phase de concertation dont doit sortir, assure-t-il, le contenu de la loi d'orientation et de programmation sur l'école soumise au Parlement cet automne. Mais, concrètement, à quoi peuvent s'attendre les 12 millions d'élèves et le million d'enseignants et de personnels qui reprennent, les 3 et 4 septembre, le chemin de l'école ?

M. Peillon a insisté sur les "mesures de réparation" qui doivent permettre à cette année scolaire, préparée par la droite et pressentie pour être pire encore que les précédentes, avec 14 000 nouvelles suppressions de postes – presque 80 000 en cinq ans –, d'être la "première rentrée du changement". Quel changement ?

Plus de postes. Mais assez de profs ?

Les professeurs recrutés "en urgence" – 1 000 postes créés à l'école primaire et 280 redéployés en collège-lycée – constituent un geste fort, à défaut d'un réel progrès. Dans le premier degré, 557 des 1 000 postes ont permis la réouverture de classes, 104 sont affectés à des Rased – réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficultés –, 152 à des remplacements et 79 à d'autres mesures comme l'accompagnement des élèves handicapés, a calculé le Snuipp-FSU, syndicat majoritaire chez les professeurs des écoles.

Reste donc à répartir 108 postes en septembre. De quoi atténuer les tensions, sans faciliter la rentrée pour autant : elle se fait une fois encore avec moins de professeurs... et davantage d'élèves (+ 5 300 en primaire, par rapport à 2011). On est loin du "plus de maîtres que de classes" identifié comme un levier pour transformer l'école.

En collège-lycée aussi, les mesures d'urgence offrent du réconfort, à défaut de vrais renforts. Deux cent vingt enseignants ont été recrutés sur liste complémentaire parmi les candidats admissibles à l'agrégation (90 en mathématiques, 60 en lettres modernes, 70 en français), et 60 professeurs de sport sur liste complémentaire du Capeps – le concours d'éducation physique et sportive.

"Cela ne change pas fondamentalement les conditions matérielles, mais c'est bon pour le moral des troupes, confie Christian Chevalier, du SE-UNSA. Un changement d'atmosphère, ça compte la veille de la rentrée !" "C'est un peu d'oxygène, observe Frédérique Rolet, du SNES-FSU, majoritaire dans le second degré. Mais on sait qu'avec le boom démographique des années 2000 les effectifs vont continuer d'augmenter. On s'attend, cette année, à près de 30 000 élèves de plus au collège. Et les classes de seconde avec plus de 35 élèves sont devenues la règle dans des lycées en ville. Il faut davantage de professeurs pour les accueillir !"

Lire aussi : Pour créer 60 000 postes d'enseignants, il faudra attirer de nouveaux candidats

Des professeurs, certes, mais aussi des personnels d'éducation. D'où le recrutement de 100 conseillers principaux d'éducation supplémentaires (CPE) et de 2 000 assistants d'éducation. Quelque 12 000 "contrats aidés" dont l'échéance était prévue cet été ont été reconduits. Et 500 assistants chargés de prévention et de sécurité – des "APS" – vont être affectés dans les établissements jugés sensibles. Un nouveau sigle pour un nouveau métier.

Les parents attendent un mieux qualitatif

Une hausse de 25 % de l'allocation de rentrée scolaire : le geste, apprécié par les 3 millions de familles qui en ont bénéficié fin août, fait déjà partie du passé. "Ce 4 septembre, peu de changements sont vraiment perceptibles par les familles", témoigne Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE, principale fédération de parents d'élèves. "Mais, dans l'année, des choses peuvent bouger plus vite qu'on ne le pense ! Des expérimentations sur les temps éducatifs, comme il en existe déjà à Angers ou à Rennes, pourraient faire tâche d'huile si le débat le permet localement", estime-t-il. La question des remplacements d'enseignants reste centrale pour les parents – "et on sait qu'elle ne pourra pas être solutionnée rapidement", regrette M. Hazan.

Autre dossier prioritaire : celui des rythmes éducatifs. Le rallongement des vacances de la Toussaint à deux semaines pleines, modeste changement apporté au calendrier cette année, ne va pas bouleverser l'organisation des familles – "C'est plutôt moins contraignant", selon le président de la FCPE.

La Rue de Grenelle a porté ses efforts sur l'accueil des élèves en situation de handicap. Ils seront 210 395 en 2011-2012 (+ 35 700 depuis 2008). 1 500 auxiliaires de vie scolaire individuels (AVS-I) supplémentaires ont été recrutés, et 4 000 contrats uniques d'insertion transformés en 2 300 emplois d'auxiliaires de vie mutualisés. "On a progressé sur le plan quantitatif, a commenté, sans excès d'optimisme, George Pau-Langevin, la ministre déléguée à la réussite éducative. Mais, pour progresser sur le plan qualitatif, il faut une vraie réflexion sur la formation des personnels, un référentiel métier." Une revendication ancienne des familles concernées.

Parmi les autres changements de cette rentrée, la suspension du dispositif d'initiation aux métiers de l'alternance (DIMA), perçu comme une entorse au collège unique, a été bien accueillie. Les dispositifs mis en place en zone d'éducation prioritaire ne bougent pas... encore. Deux questions chères aux parents restent en suspens : la scolarisation des moins de 3 ans, passée de 34 % à 12 % en dix ans, que le ministère dit "encourager", promettant une "montée en charge progressive". Et la carte scolaire, dont il juge l'assouplissement "néfaste". En réflexion, des "réseaux de lycées", afin d'en finir avec la concurrence entre établissements. Ces questions sont – comme bien d'autres – au menu de la concertation.

La "troisième génération sacrifiée"

Ceux qui endossent cette année les habits du professeur sont, Vincent Peillon ne l'a pas caché, la "troisième génération sacrifiée". Aux enseignants stagiaires, privés d'une année de stage en alternance – qui doit être rétablie en septembre 2013 –, Vincent Peillon a fait des promesses : un accompagnement et un tuteur tout au long de cette année, trois heures de décharge horaire par semaine pour se former dans le second degré, pas d'affectation dans les écoles les plus difficiles ou dans les classes délicates.

Or, selon le Snuipp-FSU, "il n'y a pas que des maîtres expérimentés en CP", le cours préparatoire. Quant au SNES, il a signalé avoir eu "des échos d'académies où les recteurs ont du mal à appliquer les trois heures de décharge" – citant Lille et Toulouse.

Sur le terrain, dans les classes, beaucoup de questions restent en suspens : quelle importance accorder aux évaluations en CE1 et CM2, alors même qu'il n'y aura plus de remontée nationale ? Que faire du livret personnel de compétences – reconnu par la Rue de Grenelle comme "inutilement complexe", discuté dans le cadre de la concertation et dont on sait déjà qu'il pourrait être modifié ? Comment interpréter des programmes qui doivent être réformés ? Comme réintroduire l'histoire-géographie en terminale S ? Et que penser de la "morale laïque", enseignement que M. Peillon, professeur de philosophie, appelle de ses voeux ?

Lire aussi : La morale laïque revient au programme

Le ministre a soigné les plus sceptiques avec une mesure symbolique et peu coûteuse : l'abrogation du décret Chatel réformant l'évaluation des enseignants, qui aurait donné plus de responsabilités aux chefs d'établissement. Il freine sur une attente forte, la revalorisation des salaires, alors même que la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires – dont certains professeurs ont largement bénéficié – a pu entamer le moral des enseignants. En cette "première rentrée du changement", l'élève Peillon a fait des efforts. Pour obtenir les félicitations, il doit encore faire ses preuves.

Mattea Battaglia
Le (nouveau) retour de la morale à l'école

La morale n'en finit pas de faire son retour à l'école. Une "morale laïque", a précisé M. Peillon lors de sa conférence de rentrée, le 29 août, au détour d'une question sur l'enseignement de l'histoire en terminale S - ce qui laisse penser que les enseignants de cette discipline pourraient hériter de la tâche... Au Journal du dimanche, le 2 septembre, le ministre a précisé que cet enseignement serait introduit dans la formation des enseignants dès 2013, pour être dispensé "depuis le primaire jusqu'à la terminale", et évalué. Reste à savoir ce qui sera mis sous cette étiquette. Pour Luc Chatel, la "leçon de morale" devait permettre à l'enseignant de primaire de consacrer quelques minutes à un petit débat philosophique. Son successeur, qui va nommer une mission de réflexion sur la question, parle d'"un enseignement qui inculquerait des notions de morale universelle, fondée sur les idées d'humanité, de raison et de justice".

850 000 professeurs retournent à l'école lundi

12 125 300 écoliers, collégiens et lycéens font leur rentrée, accueillis par quelque 850 000 professeurs.

25,8 élèves C'est le nombre moyen d'élèves par classe en maternelle, contre 22,7 en élémentaire, 24,6 en collège, 29,1 en lycée.

5 730 euros C'est la dépense moyenne (par an) pour un écolier, contre 8 330 euros pour un collégien, 11 600 euros pour un lycéen.

Education prioritaire Elle concerne 15,8 % des écoliers et 19,7 % des collégiens.

87 304 élèves de moins de 3 ans sont attendus en maternelle.



Les chantiers du quinquennat

Rythmes, socle commun, carte scolaire, formation des enseignants, éducation prioritaire, décrochage, préscolarisation, notes et évaluation... C'est dans le cadre de la concertation pour la "refondation de l'école" jusqu'en octobre – 500 participants, 4 groupes de travail et d'innombrables ateliers – que tous ces sujets, plus ou moins sensibles, sont discutés. Ces débats doivent nourrir la loi d'orientation et de programmation, soumise au Parlement à l'automne et votée début 2013.
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