un nonagénaire devant la justice pour avoir tué un pompier qui venait le secourir

18.02.2014

Le procès en appel de Joseph Barthe, un retraité de 91 ans poursuivi pour avoir tué d'un coup de fusil un pompier qui venait le secourir, en 2009 dans l'Ain, s'est ouvert mardi devant la cour d'assises d'appel du Jura, alors qu'il avait été acquitté en première instance. Le verdict est attendu vendredi, au terme de quatre jours de procès. L'accusé, atteint d'une forte surdité, comparaît libre après avoir été acquitté en juin dernier par la cour d'assises de l'Ain, qui l'avait reconnu coupable d'homicide volontaire, mais en retenant qu'il avait agi en état de légitime défense.

La cour d'assises a estimé que cet "homme respectable qui n'a jamais souhaité la mort du pompier" était, au moment des faits, "convaincu d'être victime d'un cambriolage et que des malfaiteurs étaient entrés dans son domicile". Le 18 mars 2009 à Belley (Ain), l'alarme de la maison de Joseph Barthe s'était déclenchée vers 3 heures du matin. Craignant un malaise ou un suicide, ses voisins avaient alerté les gendarmes.
"Je n'ai rien entendu"

Atteint de surdité, l'occupant des lieux n'a entendu ni l'alarme, ni les appels de ses voisins, ni ceux des gendarmes et des pompiers qui étaient entrés dans la maison. Le pompier Éric Virot, 32 ans, a saisi une hache pour enfoncer la porte verrouillée de la chambre du vieil homme. Pensant à un cambriolage, cet ancien militaire a saisi son fusil de chasse, l'a chargé et a tiré sur le pompier dès qu'il est entré dans la pièce, le touchant fatalement à la poitrine.

"J'ai vu une grande silhouette qui se précipitait dans ma chambre, en tenant une hache dans la main", a-t-il déclaré mardi à la barre du tribunal de Lons-le-Saunier. "J'étais dans mon lit, j'avais retiré ma prothèse auditive, je n'ai rien entendu. Ce qui a attiré mon attention, c'est la lumière sous la porte de ma chambre", a affirmé Joseph Barthe, s'excusant et faisant part de ses "regrets".

Interrogé par l'avocate générale Virginie Deneux, il a concédé avoir entendu "tambouriner sur la porte" et crier "ouvrez, ouvrez". La victime, un pompier professionnel du groupe de reconnaissance et d'intervention en milieu périlleux (Grimp), natif de Montbéliard (Doubs), avait succombé à ses blessures au bout de 45 minutes.