Le déploiement de casques bleus au Mali, une mission inédite et risquée pour l'ONU
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Le déploiement de casques bleus au Mali, une mission inédite et risquée pour l'ONU
01.07.2013
New York (Nations unies), correspondante. L'ONU s'apprête à déployer au Mali sa troisième plus importante opération de maintien de la paix, sans pourtant n'avoir aucune paix à maintenir. "Un pari de fous", selon des diplomates. Les défis qui attendent les 6 148 soldats ouest-africains qui devaient échanger lundi 1er juillet leurs bérets contre des casques bleus, sont "nouveaux et uniques", souligne le chef des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, présent à Bamako pour la cérémonie de "transfert d'autorité".
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La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), va opérer dans un contexte géopolitique et de menaces asymétriques "jamais expérimentés auparavant", précise le diplomate français. Si les groupes djihadistes ont perdu "l'avantage tactique" et une grande partie de leur "sanctuaire" dans le nord du pays depuis l'intervention de la France en janvier, ils ont toujours "la capacité de faire peser une menace importante", notait en juin le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Cela n'a toutefois pas empêché le Conseil de sécurité de donner son feu vert au déploiement de la force onusienne, supposée comprendre au 31 décembre, 11 200 soldats et 1 440 policiers. "Nous n'avons aucune inquiétude, tous les voyants sont au vert", assure un diplomate, rappelant que la Minusma peut recourir à "tous les moyens nécessaires" pour assurer la stabilisation du pays et la protection des civils, et compter sur les 3 200 soldats français toujours présents, pour intervenir "en cas de menaces graves".
UN SEUL BATAILLON BÉNINOIS A PRIS SES QUARTIERS À KIDAL
Alors qu'un seul bataillon de l'armée malienne a pu être formé par les experts de l'Union européenne (UE), un des premiers défis des casques bleus sera d'assurer la sécurité de l'élection présidentielle, prévue le 28 juillet. La Minusma ne dispose que de deux compagnies de police, une troisième étant attendue de Côte d'Ivoire. D'autre part, plus de dix jours après la signature de l'accord de Ouagadougou entre les autorités de transition et les rebelles touareg, conditionnant un cessez-le-feu et la tenue du scrutin sur l'ensemble du territoire, un seul bataillon béninois de l'ONU a pris ses quartiers à Kidal, dans le Nord.
L'armée malienne, censée entrer "dans les plus brefs délais" dans la ville-bastion du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), en est toujours absente. Même chose pour l'administration, sans laquelle le scrutin ne peut avoir lieu. A Bamako, des voix s'élèvent contre le délai trop court pour l'organisation de l'élection, alors que le Nord n'est pas sécurisé, que le pays va entamer sa période d'hivernage et de ramadan, et que les routes sont difficilement praticables en pleine saison des pluies.
Aux sceptiques, le Quai d'Orsay répond : "Tout est organisé. L'élection se tiendra dans les délais prévus", avec l'appui de 110 observateurs de l'UE. Et si Bamako le demande, la France fournira "tout appui nécessaire". L'urgence pour le Mali est de se doter d'un gouvernement légitime. "Un report de quinze jours passe encore, plus serait risqué", juge une source proche du dossier.
175 000 MALIENS RÉFUGIÉS DANS LES PAYS VOISINS
En juin, Ban Ki-moon mettait en garde contre des élections bâclées, qui "dans ces circonstances, seront inévitablement faussées". Ses conseillers pointent du doigt les dizaines de milliers de jeunes et de déplacés, ainsi que les 175 000 Maliens réfugiés dans les pays voisins, toujours pas enregistrés. "L'ONU a une approche logistique de la question, la nôtre est politique", résume un diplomate.
Les "énormes contraintes" du terrain font de la Minusma "l'une des missions les plus difficiles sur le plan logistique", confirme la secrétaire générale adjointe à l'appui aux missions, Ameerah Haq. Terrain désertique, zone immense, conditions climatiques extrêmes, accès à l'eau limité... Les pays contributeurs de troupes hors Afrique ne se bousculent pas. Le Bangladesh a promis 1 000 hommes, la Chine, 500, la Suède 70, la Norvège 25.
"MONTÉE EN PUISSANCE" GRADUELLE DE LA MINUSMA
La "montée en puissance" de la Minusma en termes de contingents se fera graduellement, prévient l'ONU, qui prie les Etats membres de fournir au plus vite les équipements manquants à la force, en particulier les hélicoptères. Elle n'est assurée de recevoir que 6 des 9 hélicoptères d'attaque nécessaires, et 6 des 9 appareils destinés au transport de troupes. "Sans ces moyens, la mission ne pourra s'acquitter de son mandat", déplore M. Ladsous, qui a décidé d'accorder un "délai de grâce" de quatre mois aux armées africaines pour se mettre aux normes de l'ONU en termes d'équipements, d'armements, de formation et de discipline.
L'armée tchadienne, adulée au Mali pour sa contribution à la libération, mais accusée par l'ONU d'enrôler des enfants soldats, fera l'objet d'un processus de certification sur mesure, dans le cadre d'un accord approuvé en avril par le Tchad. Les autres contingents seront tous logés à la même enseigne, assure l'ONU : ceux certifiés "aptes", recevront une formation aux droits de l'homme, ceux disqualifiés rentreront chez eux.
New York (Nations unies), correspondante. L'ONU s'apprête à déployer au Mali sa troisième plus importante opération de maintien de la paix, sans pourtant n'avoir aucune paix à maintenir. "Un pari de fous", selon des diplomates. Les défis qui attendent les 6 148 soldats ouest-africains qui devaient échanger lundi 1er juillet leurs bérets contre des casques bleus, sont "nouveaux et uniques", souligne le chef des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, présent à Bamako pour la cérémonie de "transfert d'autorité".
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La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), va opérer dans un contexte géopolitique et de menaces asymétriques "jamais expérimentés auparavant", précise le diplomate français. Si les groupes djihadistes ont perdu "l'avantage tactique" et une grande partie de leur "sanctuaire" dans le nord du pays depuis l'intervention de la France en janvier, ils ont toujours "la capacité de faire peser une menace importante", notait en juin le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Cela n'a toutefois pas empêché le Conseil de sécurité de donner son feu vert au déploiement de la force onusienne, supposée comprendre au 31 décembre, 11 200 soldats et 1 440 policiers. "Nous n'avons aucune inquiétude, tous les voyants sont au vert", assure un diplomate, rappelant que la Minusma peut recourir à "tous les moyens nécessaires" pour assurer la stabilisation du pays et la protection des civils, et compter sur les 3 200 soldats français toujours présents, pour intervenir "en cas de menaces graves".
UN SEUL BATAILLON BÉNINOIS A PRIS SES QUARTIERS À KIDAL
Alors qu'un seul bataillon de l'armée malienne a pu être formé par les experts de l'Union européenne (UE), un des premiers défis des casques bleus sera d'assurer la sécurité de l'élection présidentielle, prévue le 28 juillet. La Minusma ne dispose que de deux compagnies de police, une troisième étant attendue de Côte d'Ivoire. D'autre part, plus de dix jours après la signature de l'accord de Ouagadougou entre les autorités de transition et les rebelles touareg, conditionnant un cessez-le-feu et la tenue du scrutin sur l'ensemble du territoire, un seul bataillon béninois de l'ONU a pris ses quartiers à Kidal, dans le Nord.
L'armée malienne, censée entrer "dans les plus brefs délais" dans la ville-bastion du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), en est toujours absente. Même chose pour l'administration, sans laquelle le scrutin ne peut avoir lieu. A Bamako, des voix s'élèvent contre le délai trop court pour l'organisation de l'élection, alors que le Nord n'est pas sécurisé, que le pays va entamer sa période d'hivernage et de ramadan, et que les routes sont difficilement praticables en pleine saison des pluies.
Aux sceptiques, le Quai d'Orsay répond : "Tout est organisé. L'élection se tiendra dans les délais prévus", avec l'appui de 110 observateurs de l'UE. Et si Bamako le demande, la France fournira "tout appui nécessaire". L'urgence pour le Mali est de se doter d'un gouvernement légitime. "Un report de quinze jours passe encore, plus serait risqué", juge une source proche du dossier.
175 000 MALIENS RÉFUGIÉS DANS LES PAYS VOISINS
En juin, Ban Ki-moon mettait en garde contre des élections bâclées, qui "dans ces circonstances, seront inévitablement faussées". Ses conseillers pointent du doigt les dizaines de milliers de jeunes et de déplacés, ainsi que les 175 000 Maliens réfugiés dans les pays voisins, toujours pas enregistrés. "L'ONU a une approche logistique de la question, la nôtre est politique", résume un diplomate.
Les "énormes contraintes" du terrain font de la Minusma "l'une des missions les plus difficiles sur le plan logistique", confirme la secrétaire générale adjointe à l'appui aux missions, Ameerah Haq. Terrain désertique, zone immense, conditions climatiques extrêmes, accès à l'eau limité... Les pays contributeurs de troupes hors Afrique ne se bousculent pas. Le Bangladesh a promis 1 000 hommes, la Chine, 500, la Suède 70, la Norvège 25.
"MONTÉE EN PUISSANCE" GRADUELLE DE LA MINUSMA
La "montée en puissance" de la Minusma en termes de contingents se fera graduellement, prévient l'ONU, qui prie les Etats membres de fournir au plus vite les équipements manquants à la force, en particulier les hélicoptères. Elle n'est assurée de recevoir que 6 des 9 hélicoptères d'attaque nécessaires, et 6 des 9 appareils destinés au transport de troupes. "Sans ces moyens, la mission ne pourra s'acquitter de son mandat", déplore M. Ladsous, qui a décidé d'accorder un "délai de grâce" de quatre mois aux armées africaines pour se mettre aux normes de l'ONU en termes d'équipements, d'armements, de formation et de discipline.
L'armée tchadienne, adulée au Mali pour sa contribution à la libération, mais accusée par l'ONU d'enrôler des enfants soldats, fera l'objet d'un processus de certification sur mesure, dans le cadre d'un accord approuvé en avril par le Tchad. Les autres contingents seront tous logés à la même enseigne, assure l'ONU : ceux certifiés "aptes", recevront une formation aux droits de l'homme, ceux disqualifiés rentreront chez eux.
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