François Bayrou adresse sa lettre à François Hollande et Nicolas Sarkozy

Comme il l'avait annoncé dimanche soir à l'issue du premier tour de la présidentielle, le candidat du MoDem, François Bayrou, a adressé une lettre aux deux qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle.

"Parce que nous allons vivre [des] moments difficiles, l'attitude personnelle des gouvernants comptera beaucoup", écrit François Bayrou dans un courrier de deux pages qui a été transmis, mercredi 25 avril à François Hollande et Nicolas Sarkozy. "C'est une question de valeurs, personnelles autant que politique", ajoute-il, en regrettant "la violence des attitudes et des mots, la guerre d'un camp contre l'autre, la complaisance à l'égard des extrêmes qui caractérisent notre pays".

François Bayrou cite également dans ses impératifs "le refus de la violence perpétuelle dans la vie politique, les valeurs de respect des sensibilités différentes, la reconnaissance du pluralisme et la recherche de l'équilibre (...) nécessaire à l'esprit d'unité nationale". "Vous participez au second tour. Il me paraît normal de vous rappeler ce qui a été essentiel pour les plus de 3 millions d'électeurs qui m'ont apporté leur suffrage au premier tour", écrit M. Bayrou en préambule, avant de dérouler les éléments qu'il juge cruciaux pour l'avenir du pays.

M. Bayrou revient sur son diagnostic de la crise : "Je ne crois nullement que la crise financière soit derrière nous. Je pense au contraire qu'elle est devant nous et qu'elle sera très dure". "Or la recherche de l'équilibre des finances publiques n'est obtenue dans vos deux projets que par l'affichage d'une croissance impossible à court terme", écrit-il, en leur demandant "d'envisager des mesures crédibles" pour écarter ce péril.

Rappelant l'héritage du Conseil national de la Résistance, M. Bayrou appelle à réformer "dans la justice et la solidarité". Il demande également de développer l'appareil de production avec des stratégies nationales, filière par filière, pour "sauvegarder notre modèle social" et "développer la démocratie sociale dans l'entreprise".

En matière d'éducation, il souhaite "un nouveau contrat entre l'école et la nation", qui "touchera à la question des pratiques, de l'organisation, du développement de l'alternance et de l'apprentissage, aussi bien que des moyens".

Le leader centriste insiste aussi sur la nécessaire "moralisation de la vie publique" en reprenant ses propositions (interdiction du cumul des mandats pour les députés, diminution des parlementaires, proportionnelle aux législatives...) inscrites dans une loi-cadre soumise à référendum. "Tout cela est urgent", insiste-t-il, en soulignant que le PS et l'UMP ont souvent pris des engagements en ce sens sans aller plus loin. "Or, cette moralisation est vitale pour que la confiance revienne entre citoyens et élus", fait-il valoir.

Enfin, François Bayrou explique que ce n'est pas "avec moins d'Europe que la France s'en sortira" mais avec "une Europe plus forte, solidaire et lisible". "Des millions de Français partagent ces valeurs. Ils seront attentifs aux orientations qui seront les vôtres durant la campagne du deuxième tour", conclut-il.