Face à Hollande, Juppé est l'homme fort de Sarkozy pour 2012

Le matin, à 10 heures, il participe au conseil des ministres à l'Élysée. À midi, il est aux côtés de Nicolas Sarkozy lors des voeux des autorités religieuses. Dans l'après-midi, il s'envole vers Nice pour lancer les Jeux de la francophonie et surtout... la campagne du chef de l'État.

Mercredi soir, devant 2 500 personnes, Alain Juppé tient son premier meeting de campagne présidentielle. À la tribune, dans une salle électrique, le ministre des Affaires étrangères appelle François Hollande à se faire soigner "pour manque d'imagination chronique". "Nicolas Sarkozy reprend l'offensive et annoncera des mesures fortes dimanche, car il n'est pas homme à attendre de jours meilleurs. Il n'est pas dans l'immobilisme. Nicolas Sarkozy imagine, il construit, il propose !" lance Alain Juppé sous un tonnerre d'applaudissements.

Dans son discours de 45 minutes, le numéro deux du gouvernement cogne sur le candidat du PS, dont il dénonce "l'archaïsme", et fustige ses propositions telles que la modulation du quotient familial et la création de 60 000 postes dans l'Éducation nationale. Quand des huées timides retentissent dans la salle, Alain Juppé encourage les militants : "Allez-y franchement ! Allez-y !" Les sifflements reprennent alors de plus belle.
Foule en liesse

Au moment où, dans la majorité, certains craignent une défaite de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé tente de dissiper les doutes. "Lors de l'élection présidentielle, c'est la stature présidentielle qui fera la différence. Il n'y a pas photo, c'est Sarko qu'il nous faut !" s'exclame-t-il. Un peu plus tôt, interrogé par quelques journalistes sur les difficultés que rencontre le chef de l'État entre la perte du triple A, les mauvais sondages et la montée du chômage, Alain Juppé s'affiche serein. "Le président n'est pas désarçonné", martèle-t-il.

Pour Alain Juppé, en ce mercredi soir, il n'y a rien de tel qu'un bain de foule avec les militants UMP pour prendre des forces avant d'affronter le candidat PS lors d'un débat d'une trentaine de minutes le lendemain. "Je vous fais une confidence : jeudi soir, face à François Hollande, je penserai à vous et ça me fera du bien", assure Alain Juppé à la salle en liesse.

Lors de l'émission Des paroles et des actes, Alain Juppé représentera le futur candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy et apportera la contradiction à François Hollande, invité vedette. Après avoir regardé attentivement le meeting du Bourget dimanche, Alain Juppé s'est soigneusement préparé à croiser le fer avec le candidat socialiste. "Juppé aura le choix des armes jeudi soir. Il insistera sur les faiblesses de François Hollande, il l'obligera à clarifier ses positions", glisse un conseiller.
"Atout maître"

En attendant l'entrée en campagne (officielle) de Nicolas Sarkozy, les poids lourds de la majorité comme François Fillon ou Alain Juppé sont donc chargés d'occuper la scène et de rassurer l'UMP. "Alain Juppé est un atout maître pour le président, car il est très populaire dans le coeur de l'électorat UMP. Il est très demandé par les militants et les parlementaires", explique un conseiller. Le ministre a déjà dix meetings prévus jusqu'en mars. Le 31 janvier, il sera à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, le 9 février au Havre et le 15 février à Strasbourg. Outre sa présence sur le terrain, le maire de Bordeaux participe aussi aux réunions du comité stratégique de campagne qui ont lieu à l'Élysée chaque semaine.

L'ex-banni de la République devenu chouchou de Nicolas Sarkozy boit du petit lait. Son nom est même cité pour Matignon lors du prochain quinquennat, ne serait-ce que pour calmer la course engagée entre les quadras ambitieux de la majorité. Mais Alain Juppé "(s)'interdi(t) de penser" à son avenir personnel. "Son logiciel de pensée n'est programmé que pour la campagne présidentielle", affirme un proche. Pour l'instant, Alain Juppé fait campagne pour Sarkozy et savoure sa popularité retrouvée. "Je suis un ministre heureux", confiait-il au Point fin décembre.