Oulu, la Silicon Valley du cercle polaire

Il fait - 18 °C, il y a un mètre de neige et le soleil se couche avant l'heure du goûter : bienvenue à Oulu. Le nom de la ville évoque un atoll du Pacifique pour certains, un dessin animé pour d'autres, mais certainement pas une ville à la pointe de la technologie. Pourtant, à quelques dizaines de kilomètres au sud du cercle polaire, la cité de 140 000 habitants n'a pas à rougir devant les plus grands centres d'innovation du monde. Berceau de Nokia, un ancien papetier de la région devenu dans les années 2000 premier fabricant mondial de téléphones mobiles, Oulu est aujourd'hui extrêmement dynamique. Et pour cause : dans la tourmente, Nokia s'est séparé de nombreux cadres, qui lancent de nouvelles start-up grâce à leurs primes de départ.

Si vous voulez en savoir plus sur Oulu, c'est dans le traditionnel sauna finlandais qu'il faut aller. Ici, les réunions importantes ont lieu dans ces pièces surchauffées, avec un verre de bière pour seul habit. Sans surprise, le nom de Nokia revient souvent dans les discussions. Troisième employeur de la ville, derrière la municipalité et l'hôpital, le fabricant d'équipements réseau est loin d'être à terre. Donné pour mort il y a un an, Nokia se redresse, notamment grâce au lancement du smartphone Lumia 800 équipé de Windows Phone 7 (Microsoft). De plus, grâce à ses brevets, le groupe prélève, par exemple, cinq dollars de royalties pour chaque iPhone vendu dans le monde par son concurrent Apple.
D'importants investissements

Le dynamisme technologique, Oulu l'a appris dans la douleur. "Le climat est très difficile et les habitants ont dû s'adapter", explique Pauliina Pikkujämsä, directrice de la communication de BusinessOulu, l'équivalent de la chambre de commerce locale. "Nous sommes la porte de l'Arctique, et notre université couvre une bonne partie du nord de la Finlande", ajoute-t-elle, fière de pouvoir compter parmi ses membres Canon, Fujitsu, Foxconn, Hewlett-Packard, IBM, Sun Microsystems ou encore Texas Instruments.

De nombreuses normes internationales, dont celles de la téléphonie mobile, ont été définies en partie à l'université d'Oulu et dans ses laboratoires. "Plus d'une centaine de téléphones mobiles ont été entièrement créés ici, grâce à nos 7 000 ingénieurs de très haut niveau", se félicite Pauliina Pikkujämsä.
Incubateurs en série

Cette région, dont la moyenne d'âge est la plus jeune de l'Union européenne, attend environ 15 milliards d'euros d'investissements dans les cinq prochaines années. Un véritable pactole, dont les incubateurs de start-up comptent bien profiter. "Nous rassemblons des centaines d'experts, dont beaucoup sont issus de Nokia, qui s'investissent dans les projets qui les séduisent", explique l'un d'entre eux, Takomo ("La Forge"), qui a soutenu 22 start-up en un an et demi d'existence. "Ici, vous avez seulement besoin d'énergie", résume son fondateur, louant les mesures attrayantes prises par les autorités pour attirer les créateurs d'entreprises.

La ville semble idéale, mais le pays a ses petits défauts. "Nous sommes trop honnêtes en Finlande, donc nous sommes parfois mauvais en marketing", ironise Pauliina Pikkujämsä. Plus sérieusement, la distance qui sépare la ville des capitales européennes (4 heures de vol depuis Paris) et son climat difficile sont de véritables défauts face à Grenoble ou Sophia-Antipolis en France, par exemple.