Ségolène Royal demande le respect aux socialistes

Dans son discours dimanche au Bourget, François Hollande n'a pas cité l'ex-candidate à la présidentielle.

La boulette ou l'acte manqué, c'est au choix. Dans son discours dimanche au Bourget, François Hollande n'a pas cité Ségolène Royal. Et dans le clip retraçant les grandes heures de la gauche, de la victoire de François Mitterrand en 1981 à celle de la gauche plurielle de Lionel Jospin en 1997, pas une image non plus de l'ex-candidate à la présidentielle.

Cette dernière s'en est offusquée mardi, en s'efforçant de ne pas polémiquer. «C'est une grande maladresse et je pense que les principes de respect et de vérité doivent l'emporter et que cette maladresse sera réparée», a dit Ségolène Royal sur Europe 1. Dans l'entourage de la présidente de Poitou-Charentes, on assure que «ce n'est pas un problème d'ego de Ségolène, mais d'histoire et de faits. Elle a été précurseur sur de nombreux sujets qui font aujourd'hui la force du PS». Bref, on ne pourrait pas retracer l'histoire de la gauche en omettant la première femme parvenue au second tour de l'élection présidentielle.

D'autant qu'entre la proposition de créer une banque publique d'investissement, celle de séparer les banques de dépôt et d'investissement, l'affichage de drapeaux tricolores ou La Marseillaise finale, les emprunts à la Ségolène Royal de 2007 étaient nombreux au Bourget. «Cela relève plutôt de l'acte manqué, tempère Jean-Louis Bianco, un proche de Ségolène Royal. Il aurait suffi que François Hollande salue, comme à la convention d'investiture, “notre valeureuse candidate porteuse de tant d'idées nouvelles”. Il ne l'a pas fait. C'est d'autant plus dommage qu'elle s'était magnifiquement désistée en sa faveur lors des primaires.»
Réparer l'erreur

Même François Hollande a reconnu une erreur. «Ségolène a raison d'avoir protesté, a-t-il dit mardi en marge d'un déplacement à Toulon. Il y a eu un défaut de vigilance. Le film va être refait.» A charge pour Manuel Valls de réparer l'erreur dont il est rendu responsable dans l'équipe de campagne du candidat. Le directeur de la communication du candidat socialiste s'est fait passer un savon après cet «oubli» qui a ravivé la mauvaise conscience des socialistes vis-à-vis de leur candidate de 2007. Quant au discours de François Hollande, «je ne voulais citer personne sauf les deux chefs de parti. Je voulais m'adresser a tous les Français» a-t-il expliqué avant de souligner: «Ségolène a fait une belle campagne, avec beaucoup de ferveur. Mais la ferveur ne fait pas l'élection.» François Hollande aura tout de même besoin d'un peu de l'enthousiasme et de cette ferveur que provoque Ségolène Royal.

Le 7 février prochain, elle tiendra un meeting de soutien au candidat à Marseille. D'autres interventions sont prévues, notamment fin mars, vraisemblablement à Rennes, où elle partagera l'estrade avec François Hollande. Avec son équipe, elle a défini son rôle depuis quelques mois, mais n'est pas encore entrée en scène, en dehors de ses interventions médiatiques. Elle sera chargée de mobiliser les quartiers populaires et de tenter d'endiguer la montée du vote Front national chez les ouvriers. Si Ségolène Royal a salué la prestation de François Hollande au Bourget, elle l'a tout de même relevé: «Les catégories populaires ne sont pas venues, les banlieues non politisées ne sont pas encore là.» En 2007, elle avait réussi à les mobiliser. C'est sa tâche pour 2012, cette fois pour un autre.