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De Tchernobyl à Lubrizol, quelles leçons a-t-on retenu de la gestion de crise?

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De Tchernobyl à Lubrizol, quelles leçons a-t-on retenu de la gestion de crise? Empty De Tchernobyl à Lubrizol, quelles leçons a-t-on retenu de la gestion de crise?

Message par tisiphoné Mar 1 Oct - 19:56

01.10.2019

Les deux catastrophes, très éloignées l'une de l'autre, mettent en lumière la façon dont la gestion gouvernementale est perçue par les médias et le grand public.



Peut-on tracer un lien entre la gestion de crise et la perception du public entre l'incendie de Lubrizol et la catastrophe de Tchernobyl ?

ROUEN - A Lubrizol, “toutes les mesures sont faites sur la qualité de l’air en continu, c’est un progrès que nous pouvons réaliser grâce aux retours d’expérience d’accidents antérieurs.” C’est ce qu’a déclaré mardi 1er octobre Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique en réponse à des critiques du député insoumis Jean-François Ruffin.

Pourtant, depuis le début de l’incendie de l’usine Lubrizol, le gouvernement est accusé d’inaction, de dissimulation, voire de mensonge, à la fois sur les réseaux sociaux, mais aussi par des ONG ou responsables politiques de l’opposition.

On voit même régulièrement passer sur Twitter des références à un accident antérieur, et pas des moindres: la catastrophe de Tchernobyl. Les députés d’extrême droite Gilbert Collard et Louis Aliot ont même été jusqu’à reprendre la comparaison, évoquant le fait que le nuage radioactif provoqué par la centrale ukrainienne s’était “arrêté à la frontière”.

Évidemment, Lubrizol et Tchernobyl sont très, très différents. Mais l’analyse de la gestion et de la réception médiatique de la catastrophe de 1986 peut nous aider à mieux comprendre ce qu’il se passe aujourd’hui à Rouen. À voir ce qui a changé dans la communication gouvernementale et les zones qui restent à améliorer.

Fausses informations

Avant d’aller plus loin, il faut déjà bien se remémorer le passé. Et, s’agissant de Tchernobyl, se rappeler que le gouvernement n’a pas dit que le nuage s’était “arrêté à la frontière”.

En réalité, tout part d’un bulletin vidéo d’Antenne 2, le 30 avril, soit deux jours après que l’identification de l’accident de la centrale de Tchernobyl. La présentatrice affirme que le nuage radioactif (on parle normalement de panaches) devrait ne pas passer la frontière française. Pour une bonne raison: à l’époque, aucune donnée ne permet de dire que la France est touchée et l’anticyclone des Açores “restera suffisamment puissant pour offrir une véritable barrière de protection” en bloquant les perturbations venant de l’est.

La réalité, c’est que la météo a changé et que le nuage radioactif touche bien la France. Ce qui sera d’ailleurs confirmé dès le 1er mai par Pierre Pellerin, le directeur du SCPRI, ancêtre de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

C’est l’absence de communication du gouvernement, jusqu’à un communiqué le 6 mai, qui créera l’impression que l’État a caché le nuage. Dans ce document du ministère de l’Agriculture, il est affirmé, très maladroitement, que le territoire français a été ”épargné”, alors que la phrase suivante précise que ”à aucun moment les hausses de radioactivité observées n’ont posé le moindre problème d’hygiène publique”. Et alors que depuis le 1er mai, les communiqués de presse quotidien du SCPRI font état du niveau de radioactivité.

Sur le point de la mésinformation, on ne peut pas dire que les choses ont évolué en bien depuis la crise de Tchernobyl: les réseaux sociaux sont saturés de rumeurs que la préfecture s’évertue à démentir, jusqu’à devoir préciser qu’il n’y avait pas de fuite radioactive à Rouen.

Une communication en temps réel

Ce qui a changé, par contre, c’est la communication gouvernementale. À l’époque de Tchernobyl, le gouvernement se mure dans le silence sur ce qu’il se passe dans l’Hexagone jusqu’au 6 mai. Il laisse le SCPRI communiquer quotidiennement sur l’évolution des taux de radioactivité. Et le tout sans rentrer dans le détail des chiffres avant le 10 mai.

A l’inverse, pour l’incendie de Lubrizol, le gouvernement a communiqué sur le sujet dès les premiers jours. Peut-être d’ailleurs un peu trop vite: alors que Christophe Castaner appelait à ne pas “s’inquiéter outre mesure” jeudi 26 septembre, Agnès Buzyn rappelait le lendemain que la ville était “clairement polluée”.

Le risque, c’est ici d’avoir un discours qui ne soit pas clair, notamment pour les habitants de la zone touchée. “On dirait non, ce serait clair, mais là, on ne dit ni oui ni non, ça ce n’est pas acceptable”, a déclaré le toxicologue André Cicolella sur Europe1.

En parallèle, le gouvernement et la préfecture ont dès le début affirmé qu’ils souhaitaient être le plus transparent possible, en publiant les résultats des analyses scientifiques des mesures effectuées sur le terrain. Ce sera chose faite vendredi 27 septembre, puis de manière régulière, par la préfecture.
Une transparence imparfaite

Ici, le gouvernement est bien plus transparent qu’en 1986, où il a fallu de nombreux jours pour avoir de véritables données chiffrées sur l’impact de la catastrophe de Tchernobyl en France.

Cela n’a pas empêché l’opposition et les ONG environnementales de critiquer le gouvernement sur cette question. Poussée par l’opposition, la ministre Elisabeth Borne a fini par accepter de dévoiler la liste des produits qui ont brûlé, en rappelant que “parmi tous les polluants recherchés, aucun n’est présent dans l’air que respirent les Rouennais”.

Ce qui semble évident, c’est qu’il faudra des jours, voire des mois pour être certain du niveau de pollution induit par l’incendie de Lubrizol. Pour Tchernobyl, des analyses plusieurs années plus tard ont montré les lacunes des mesures qui ”étaient appropriées pour évaluer les conséquences pour la grande majorité de la population française”, mais qui ne permettaient pas “d’évaluer la contamination des produits alimentaires locaux” dans les régions les plus touchées par les panaches radioactifs, précisait une étude de 2003.

Reste à voir si pour Lubrizol, comme le dit Emmanuel Borne, les mesures en temps réel sont vraiment de bonne qualité “grâce aux retours d’expérience d’accidents antérieurs”. Il faudra patienter pour le savoir.

Principe de précaution

C’est le problème de la science. Il peut être facile de dire s’il y a un danger mortel à très court terme, qu’il soit lié à une radioactivité très forte ou à des produits chimiques très polluants. Il est plus difficile d’établir l’impact sur la santé sur le long terme d’une catastrophe moindre.

Pour reprendre l’exemple de Tchernobyl, la contamination radioactive est restée très faible, rappelaitLe Monde en 2016. “Nous recevons plus de radioactivité naturelle provenant de trois corps humains avoisinants qu’en ingérant un kilogramme de champignons parmi les plus contaminés de France en 1987”, expliquait le quotidien.

Pour autant, la question du lien entre cancer de la thyroïde et nuage radioactif a longtemps fait polémique en France, même si aucune étude scientifique d’ampleur n’a réussi à trouver un lien entre augmentation de ce cancer et exposition au nuage, rappelle Santé Publique (le cas de la Corse plus spécifiquement est encore plus débattu).

Quoi qu’il en soit, le gouvernement de l’époque a été vertement critiqué pour ne pas avoir interdit la consommation de lait et autres produits issus d’animaux, notamment dans les zones les plus touchées. Un principe de précaution respecté par les autres pays, mais que la France n’a pas suivi. Il faut dire qu’à l’époque, l’État français misait sur l’énergie nucléaire et ne voulait surtout pas créer de rejet dans la population.

Pour Lubrizol, la leçon semble avoir été retenue, car le préfet a demandé dès samedi 28 septembre de consigner lait, oeufs et miel issus des exploitations proches de l’incendie. Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a promis que les agriculteurs affectés seront indemnisés.

Pourtant, le gouvernement Philippe est justement accusé d’un double discours, en affirmant d’un côté qu’il n’y a rien à craindre tout en interdisant la consommation de produits potentiellement contaminés. Dans la gestion de crises de santé publique, il faut croire que deux décisions opposées peuvent être toutes les deux autant critiquées.

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