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Dix ans après la mort de Zyed et Bouna, Clichy-sous-Bois réclame justice

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Dix ans après la mort de Zyed et Bouna, Clichy-sous-Bois réclame justice  Empty Dix ans après la mort de Zyed et Bouna, Clichy-sous-Bois réclame justice

Message par tisiphoné Lun 16 Mar - 11:35

16.03.2015

Le procès des policiers accusés de ne pas avoir porté secours à Zyed et Bouna, morts électrocutés dans un transformateur EDF en 2005, s'ouvre à Rennes. Reportage à Clichy-sous-Bois, où habitaient les deux adolescents.


Une fine pluie s'abat sur le panneau d'entrée de la ville. Clichy-sous-Bois, disent les lettres noires sur fond blanc et rouge. Non loin, Hicham et Rachid prennent leur dose de nicotine et le risque d'être mouillés. "C'est grave ce qui s'est passé, mais est-ce que ça encore un sens de les juger aujourd'hui?", interroge le second, crâne rasé, visage renfrogné. Après une poignée de secondes de réflexion, il ajoute: "Au pire, ils prendront du sursis, ce n'est déjà pas si mal..."

Dix ans après la mort de Zyed et Bouna dans un transformateur EDF et les émeutes qui ont suivi, le procès des policiers impliqués dans la course-poursuite mortelle s'ouvre ce lundi à Rennes. Les Clichois croisés ont tous en tête les destins brisés des deux "jeunes qui avaient la vie devant eux". Ainsi que la peine impansable de leurs proches. "On est tous très marqués, des enfants sont morts et on ne sait toujours pas ce qui s'est passé", raconte Angélique. La mère de famille habite l'une des maisons qui jouxtent le site sensible. Dans son jardin, la balançoire a une vue prenante sur les pylônes EDF. "Ils vont tout mettre sous terre", répète-t-elle comme pour se persuader de la véracité de ce qu'elle avance. Le procès? Elle n'en a pas entendu parler. Pas plus que les autres personnes sondées. Le dépaysement du dossier à 360 kilomètres de là, en Bretagne, n'aide sûrement pas.

Une décennie après les faits et à quelques jours du début des débats, le renvoi en correctionnelle des forces de l'ordre n'alimente pas encore les conversations. "Je n'ai rien vu à la télévision", lance avec étonnement Hicham, branché tous les soirs sur France 3. Contraints de s'interroger, les habitants réclament à l'unisson que "justice soit faite". Sans vraiment parvenir à détailler cette notion.

Une cagnotte Leetchi


Du côté des associations et des familles, en revanche, c'est le branle-bas de combat. "Le procès est très attendu, les proches des victimes se sont battus pour qu'il puisse se tenir", commente Mohamed Mechmach du collectif AC le feu, né au lendemain du soulèvement de 2005. L'homme fait référence au non-lieu prononcé par la cour d'appel de Paris puis invalidé par la Cour de cassation. "Cette audience va enfin permettre de faire la lumière sur ce qui s'est vraiment passé ce 27 octobre."

Les deux policiers renvoyés en correctionnelle savaient-ils que les adolescents étaient entrés en zone de danger de mort? Les prévenus assurent que non, raison pour laquelle ils n'ont pas alerté les secours. Les familles, elles, se repassent en boucle les messages radio qui laissent planer le doute. "Les deux individus sont localisés et sont en train d'enjamber pour aller sur le site EDF". Et aussi, "s'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau".

Au téléphone, Samir Mihi, de l'association Au-delà des mots, est dans "le speed des préparatifs". Pour emmener à Rennes les trois familles des victimes -Zyed, Bouna et Muhittin Altun, seul rescapé du transformateur- deux minibus ont été affrétés. Pour parfaire cette logistique, une cagnotte en ligne Leetchi a été ouverte. "Avec 2500 euros, elle permettra de financer une partie du transport et de l'hébergement de l'entourage", détaille le président du comité. En cas de trop-plein, la somme sera allouée au remboursement des frais de justice. "Dix ans de procédure, ça coûte de l'argent."  

Plus inattendu, à Rennes, l'heure est aussi au soutien. Anthony, 15 ans au moment du drame, travaille aujourd'hui dans la restauration. Avec d'autres Rennais, il a spontanément récolté "quelques centaines d'euros" pour les parties civiles. D'autres, ont d'ores et déjà prévu de se rassembler, quotidiennement, à proximité du tribunal pour prêter main forte aux familles.

"Flicophobie"


Coincé dans les embouteillages, au volant de sa voiture, Samir Mihi reconnaît que ces cinq jours "vont être une épreuve". Qu'en attendent les familles? Lors d'une conférence de presse à J-6 et en présence de son avocat Me Mignard, le frère de Bouna déclarait la semaine dernière: "J'attends de savoir le pourquoi". Nourri par un double sentiment "de colère et d'incompréhension", Siyakha Traoré précisait alors: "On n'est pas tous contre la police, on [en] a besoin, mais [elle] doit être utile et exemplaire."  


Il ne s'agit pas du procès de la police. Ce refrain est sur toutes les lèvres. "Il ne faut surtout pas faire d'amalgame entre ce qu'on a vu des émeutes à la télévision et l'état d'esprit de l'entourage des victimes qui a toujours appelé au calme. Il n'existe pas de 'flicophobie', comme on a pu l'entendre", déplore le président d'Au-delà des mots. AC le feu lui emboîte le pas: "Ne laissons pas une minorité nuire à la majorité de notre police."  

Fabienne, 50 ans, estime que la page Zyed et Bouna ne sera pas tournée avec le procès. "La conclusion de cette affaire, étaye cette mère de famille qui tient une bijouterie, c'est que tout ce qui s'est passé pourrait très bien se reproduire, et pas seulement à Clichy." Le problème qu'elle pointe est le même que celui de l'avocat des parties civiles. "On parque les jeunes désoeuvrés dans des cités dans lesquelles on ne va plus." Me Mignard a une formule consacrée, empruntée au Premier ministre Manuel Valls, "l'apartheid social".

"Il faut éviter les provocations"


Relaxe ou condamnation, le jugement à venir peut-il faire craindre le pire? "A Clichy, commente Mohamed Mechmach, la moindre étincelle pourrait nous faire replonger dans une situation encore plus grave que celle de 2005. Il faut éviter à tout prix les provocations." Un sage conseil qui ne semble pas être parvenu jusqu'aux oreilles de Medhi, obstruées par des écouteurs. Le gamin de 15 ans, cueilli au saut du lit, crache, sourire aux lèvres, "ça va repéter".

Mercredi dernier, à Bondy, limitrophe de Clichy-sous-Bois, un homme de 28 ans s'est noyé après avoir sauté dans le canal de L'Ourcq. Il tentait d'échapper aux forces de l'ordre qui le soupçonnaient d'un vol. Une histoire de policiers qui courent sans savoir pourquoi après un homme qui court sans savoir pourquoi et qui fait étrangement écho à celle de Zyed et Bouna.

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