procès des petites voleuses : le chef du réseau condamné

La justice française a condamné mercredi à sept ans de prison le chef d'un réseau criminel originaire de Bosnie-Herzégovine qui contraignait des jeunes filles, principalement mineures, à voler dans le métro parisien. Le parquet devrait faire appel.

Son sourire est plein de trous mais c'en est un. Monica Hamidovic, la fille de Fehim Hamidovic, le chef du clan qui contraignait de jeunes filles à voler dans les transports en commun, est soulagée. «C'est bien», lâche-t-elle à la sortie de la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, accompagnée de plusieurs proches venus assister au délibéré. Fehim Hamidovic, soixante ans, les cheveux noirs clairsemés, chemise blanche et pull pistache, a pourtant quitté le tribunal menottes aux poignets, direction la prison. Mais il n'a été été condamné qu'à sept ans de prison ferme, quand le parquet en demandait plus du double. Une peine légère donc pour celui a été présenté lors du procès comme la tête pensante d'un des plus grands réseaux criminel démantelé par la police française.

De un à cinq ans pour les complices, une relaxe

Féhim Hamidovic comparaissant accompagné de 21 complices, la petite salle d'audience était pleine à craquer. La majorité des prévenus sont des gitans originaires de Bosnie-Herzégovine, ne parlant pas ou peu le français. C'est aussi le soulagement qui se dessinait sur leurs visages quand l'interprète serbe-français leur traduisait les peines prononcées. Pourtant poursuivis pour de lourds chefs d'accusation comme association de malfaiteurs, provocation de mineurs à commettre des délits, traite d'êtres humains ou encore vols en réunion, ils n'ont été condamnés qu'à des peines allant de un à cinq ans de prison, et l'un d'entre eux a été relaxé. Le parquet avait requis trois ans de réclusion pour chacun des complices minimum.

Fehim Hamidovic et sa bande contraignaient des jeunes filles à faire les poches des passants et touristes. Connues sous le nom des «petites voleuses», ces fillettes étaient âgées dizaine d'années, originaires pour la plupart de Bosnie-Herzégovine. Certaines faisaient même partie de la famille Hamidovic. Elles devaient rapporter chaque jours des butins de plusieurs centaines d'euros minimum. Si cet objectif n'était pas atteint, elles subissaient des violences, comme des brûlures de cigarettes. Les enquêteurs avaient estimé à près de deux millions d'euros les bénéfices réalisés par ce clan en 2009. «Cette histoire n'est pas finie», a toutefois estimé Me Yassine Yakouti, avocat des membres du clan à la sortie du tribunal. «Le parquet avait prévenu, a-t-il poursuivi, si les peines prononcées étaient inférieures à ses réquisitions, il fera appel».