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Les primaires ou le vice de forme de la présidentielle Cette nouveauté va conduire à sa condamnation dans les urnes, et rejoindre les gadgets qu'on a cru séduisants et qui se révèlent néfastes.

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 Les primaires ou le vice de forme de la présidentielle Cette nouveauté va conduire à sa condamnation dans les urnes, et rejoindre les gadgets qu'on a cru séduisants et qui se révèlent néfastes. Empty Les primaires ou le vice de forme de la présidentielle Cette nouveauté va conduire à sa condamnation dans les urnes, et rejoindre les gadgets qu'on a cru séduisants et qui se révèlent néfastes.

Message par tisiphoné Lun 13 Mar - 13:06

13.03.2017

L'un des épisodes les plus marquants de cette folle campagne électorale restera celui des primaires. Celle de droite, puis celle de gauche. Un exercice faussement démocratique qui aura séduit les électeurs, mais qui aura rendu confuse la vie politique française.

1. Les primaires, loin de désigner des candidats incontestables dans leur camp, ont fait émerger les moins rassembleurs, puisque pour l'emporter il aura fallu galvaniser le noyau dur des militants les plus radicaux. François Fillon, avant même ses ennuis judiciaires, fut contesté, dès le lendemain de son écrasante victoire, dans les aspects les plus durs de son programme (les 500.000 fonctionnaires à supprimer et l'assurance maladie à raboter), au point de devenir le candidat de la droite et de la droite plutôt que celui de la droite et du centre.

Benoît Hamon, à son tour, loin d'être le centre de la gauche socialiste, en est l'expression frondeuse la plus "à gauche", au point que pour la première fois dans l'histoire du PS fondé à Epinay en 1971, beaucoup de militants et d'élus de ce parti choisiront de voter pour un autre candidat que celui qui porte l'étiquette de leur famille d'origine.

Les ralliements d'après désignation deviennent factices.

2. Le fonctionnement lui-même de ces primaires conduit à la marginalisation du candidat: l'envie de choisir le candidat le plus en décalage avec l'habituelle image du parti sous les couleurs duquel il se présente, tenaille les électeurs de chaque bord. Quand, pendant des mois (presque dix-huit pour la primaire de la droite), on annonce à coups de sondages que l'un des candidats, Alain Juppé, va être l'élu indiscutable, la tentation est forte du mouvement d'humeur, pour faire mentir les pronostics et prendre pour champion l'homme de rupture plutôt que celui du rassemblement.

Le même processus a eu lieu à gauche: Valls et Montebourg ayant été désignés comme les rivaux qui pouvaient se disputer les faveurs de électeurs, ceux-ci ont eu envie de secouer l'appareil et d'investir un homme moins vu, sympathique et plus utopiste que les deux challengers qu'on connaissait trop. Avec le souhait aussi de faire payer à l'ancien Premier ministre Manuel Valls, les péchés de tout le quinquennat.

3. Les ralliements d'après désignation deviennent factices. Déjà, en 2012, celui d'Arnaud Montebourg à François Hollande, qui n'aura pas duré deux ans et a explosé en plein quinquennat, démontrait la confusion qu'engendrait le mécanisme. L'adhésion, dans le plus grand désordre, de certains socialistes à Benoît Hamon, tandis que d'autres penchent vers Emmanuel Macron, divise plus qu'elle n'unit des militants déboussolés.
Quant aux centristes de l'UDI, qui le dimanche demandaient avec violence à ce que François Fillon passe la main, on les a vus se rallier à lui le mardi, dans une contorsion qui fleurait bon les élections législatives.

Les deux (voire trois) candidats qui seront probablement présents au second tour sont ceux qui ont refusé le système des primaires.

4. Ces primaires auront été parfaitement inutiles: elles étaient censées désigner les candidats les plus à même de représenter leur famille politique et de drainer derrière eux une majorité pour gouverner. Et sans doute pour la première fois depuis 1958, aucun des deux ne sera présent au second tour, laissant la place aux deux (voire aux trois) qui, en refusant le système des primaires, seront les finalistes de cette élection sans précédent qui aura vu droite et gauche pareillement s'éliminer. Et la majorité qu'obtiendra le futur président de la République devient l'inconnue majeure de l'après présidentielle!

5. Enfin, cette invention, importée des Etats-Unis ne désigne pas forcément les meilleurs pour la magistrature suprême. Benoît Hamon est imaginatif et entreprenant, animé d'un vrai souci de redorer l'image d'une gauche abîmée dans la gestion et ayant eu trop longtemps la redistribution pour seul idéal. Est-il aujourd'hui prêt à être président?

Quant à François Fillon, chantre d'un programme de rigueur, il se révèle, jour après jour, être à l'opposé de l'image qu'il a voulu dessiner. Le dernier épisode révélé par le JDD, celui de ses costumes offerts par de riches relations, n'est pas pénalement répréhensible: s'il relève en effet de la morale de chacun, il est tout simplement médiocre de la part d'un homme qui s'était voulu un parangon de vertu. Sa phrase-boomerang s'impose dès lors une fois de plus: imagine-t-on le Général de Gaulle habillé par la générosité de ses amis?

Imagine-t-on le Général de Gaulle habillé par la générosité de ses amis?

Si bien que cette nouveauté, plébiscitée par les électeurs comme l'ultime avatar de la politique spectacle -une version civique de The Voice- va conduire à sa condamnation dans les urnes, et rejoindre les gadgets qu'on a cru séduisants et qui se révèlent néfastes. Alors, revenir à la désignation par les seuls militants du parti n'est guère plus satisfaisant.

L'on s'aperçoit, en définitive, que seul son leadership donne la légitimité au candidat: celle de Jean-Luc Mélenchon, de Marine Le Pen, ou d'Emmanuel Macron est indéniable. Et que la primaire est une solution pour temps troublés avec des candidats incertains. On objectera que revenir à la solution précédente revient à avaliser une fois de plus ce qu'on a toujours reproché à la Vème République: organiser la monarchie par d'autres moyens. C'est sans doute ce qui fait dire à beaucoup qu'elle paraît en bout de course après ses quelques soixante ans d'existence.
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