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Comment l'ascension politique de Donald Trump reflète l'évolution de la société américaine

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Comment l'ascension politique de Donald Trump reflète l'évolution de la société américaine Empty Comment l'ascension politique de Donald Trump reflète l'évolution de la société américaine

Message par tisiphoné Lun 27 Juil - 23:20

27.07.2015

INTERNATIONAL - Donald Trump est un personnage hors du commun. Il est grand et sa frange de cheveux mandarine le fait paraître plus grand encore. Il exsude le calme d’un homme qui vient de passer au sauna et qui s’est peut-être offert une manucure. Quand il s’adresse à vous (je l’ai interviewé quelques fois au fil des années), il affiche ce sourire indulgent de l’homme qui sait exactement qui est en position dominante. C’est lui. Pas vous.

En bref, il est imbuvable. Et fascinant.

Il est aussi, bien sûr, l’homme le plus honni de la politique américaine à cause de (ou grâce à) sa position en tête de nombreux sondages, même si ceux-ci ne veulent pas dire grand chose. La plupart des gens le prennent pour un fumiste, un clown nombriliste, un showman cynique et raciste qui déverse son venin et ne se soucie que de faire avancer sa propre cause. Pour ce magnat de l’immobilier, doublé d’une star de la télé-réalité, s’en tenir aux faits est l’apanage des faibles. Les hommes forts mentent.

Tel un moteur en surrégime – il passe son temps à se plaindre que l’on déforme ses propos et lance des accusations à tout-va – Trump pourrait bien s’essouffler après avoir passé quelques mois à divertir les foules par son insupportable irrévérence.

Il faut cependant voir la réalité en face: à bien des égards, il n’est que le résultat logique de courants corrosifs qui n’ont cessé de prendre de l’ampleur dans l’arène politique au cours de ces dernières décennies. Même si nous ne voulons pas l’admettre, nous avons largement contribué aux conditions qui lui permettent de s’épanouir.

C’est triste à dire, mais Trump, c’est nous. Voici la liste des choses qui ont contribué à son succès:

Le cynisme

La défiance vis-à-vis du gouvernement est un trait viscéral de la politique américaine. Mais il en va autrement du sentiment de dégoût qui nous paralyse et se répand depuis le scandale du Watergate dans les années 1970. En 1973 par exemple, un sondage Gallup révélait que 42% des électeurs faisaient "plutôt ou tout à fait" confiance au Congrès. Aujourd’hui, ce chiffre est descendu à 8%, le plus faible jamais enregistré.

Il en va de même pour ce qui concerne la culture populaire. Le personnage principal de la série à succès House of Cards, plusieurs fois récompensée, est un président criminel qui urine sur la tombe de son père et crache sur une statue de Jésus.

Faites entrer Donald Trump. Ce n’est pas un homme politique et il n’a aucune connaissance approfondie ni aucune expérience dans le domaine politique. Ce serait sa perte! Il ridiculise les hommes politiques à tout va: le sénateur John McCain pour avoir été fait prisonnier pendant la guerre du Vietnam, l’ex-gouverneur du Texas parce que c’est un crétin. Trump est le deus ex-machina du grand nettoyage, du tout est possible.

Les ratés de l’immigration

L’échec du gouvernement fédéral et du Congrès à gérer intelligemment le problème de l’immigration depuis des dizaines d’années explique le désamour des électeurs. Chacun a sa part de responsabilité. Le président Barack Obama n’a pas voulu, lors de son premier mandat, payer le prix politique nécessaire à un accord global. De plus, il se réjouissait de voir ses adversaires pris au piège de leur hostilité envers l’électorat latino. Les républicains, quant à eux, ne peuvent s’empêcher de faire du pied aux xénophobes du Tea Party. Les partisans d’un compromis, comme le sénateur républicain de Floride Marco Rubio, ont abandonné leurs efforts et sont rentrés dans le rang d’un parti qui attise les peurs de ses électeurs.

Mais en se comportant ainsi, les républicains ont ouvert la porte à un professionnel en la matière: Donald Trump. Son deuxième passe-temps est la dénonciation de ce qu’il considère comme les ravages des influences étrangères, depuis la Chine jusqu’au Mexique, en passant par l’Iran et la Russie. Qu’importe si une bonne part de ses affaires florissantes se fait hors des frontières américaines. Le monde est contre nous et le Mexique nous envoie ses "violeurs" et ses trafiquants de drogue.

La faible capacité de concentration

Il y a huit ans, avec vingt millions d’"amis", Obama était le candidat de Facebook, porté par cette plateforme collégiale et familiale. Mais tout cela semble bien loin. Trump est l’homme d’une époque où les médias sociaux sont plus contestés, d’une ère où les accusations et le divertissement sont rois. Il parle fort, simplement et ne mâche pas ses mots, comme s’il venait de la rue.

Sa formule brevetée (tirée de son émission de télévision The Apprentice, ndlr) est une sèche condamnation: "Tu es viré!" Il est fait pour les rafales de Twitter, où les conflits éclatent en un instant et en tout anonymat, ce qui génère aussitôt la controverse. Taylor Swift, Katy Perry et Nicki Minaj se disputent, mais "The Donald" a 3,34 millions d’abonnés sur Twitter, nettement plus que n’importe lequel de ses rivaux républicains.

L’argent roi

La rituelle chasse aux contributions de campagne a pris une tout autre tournure le jour où la Cour suprême américaine a déclaré que les entreprises et les syndicats pouvaient, "de manière indépendante", dépenser autant d’argent qu’ils le voulaient pour soutenir leur candidat. Les milliardaires, comme les frères Koch chez les Républicains et Tom Stayer parmi les Démocrates, se sont engouffrés dans la brèche.

Trump est simplement passé à l’étape suivante: celui que Ross Perot, candidat indépendant à la présidentielle de 1992, avait anticipé il y a 24 ans. Si vous êtes milliardaire (ou multimilliardaire, comme Trump aime à le claironner), pourquoi s’embêter à acheter un candidat quand on peut briguer soi-même l’investiture? Les montagnes d’argent qu’il a déjà consacré à sa campagne ont atténué le scandale. C’est une force de la nature contre laquelle il est inutile de résister.

Sans oublier une autre donnée: l’affinité supposée de la classe ouvrière avec Trump, dont le message est le suivant: quand il sera président, tout le monde sera riche, comme lui. À une période où tant d’Américains ont fait un trait sur l’ascension sociale – Donald n’a-t-il pas lui-même décrété que le rêve américain était mort? –, pourquoi ne pas se tourner vers un homme d’affaires qui sait tirer profit des techniques de vente pour faire fortune?

C’est comme si l’existence même de Trump était, d’une certaine façon, la preuve que ce rêve existe encore.

La célébrité sans substance

La notoriété est le sel de notre époque. Ce que vous savez et ce que vous avez accompli importe moins que l’image que vous renvoyez et votre renommée. Celle-ci est devenue fongible: on peut la transporter d’une sphère publique à une autre.

Jusqu’à il y a peu, les amuseurs (ce qu’est Trump, fondamentalement) se sentaient obligés d’effectuer un apprentissage sur le tard pour entrer au gouvernement. D’acteur, Ronald Reagan est devenu président, mais seulement après avoir été gouverneur de Californie. Le comédien Al Franken, diplômé de Harvard, a appris sur le tas en écrivant des livres politiques amusants et en animant une émission de radio. Ce qui lui a permis de se présenter (et d’être élu) au Sénat.

Trump a, quant à lui, dilué son apprentissage. Il évolue depuis des années dans le monde new-yorkais en tant que donateur et mouche du coche, un dilettante dont la contribution la plus importante, jusqu’à maintenant, a été la "campagne politique" qu’il a menée pour tenter de prouver qu’Obama était né au Kenya.

Il n’estime pas nécessaire d’avoir un programme détaillé, voire un programme tout court. Il fera bâtir un mur infranchissable entre les États-Unis et le Mexique (il a fait marche arrière quand ses nouveaux "amis" de Laredo, au Texas, lui ont dit en public que c’était une mauvaise idée). Il va "créer des millions d’emplois", empêcher les Chinois d’imposer leurs conditions commerciales, tenir bon contre l’Iran, financer les systèmes d’assurance santé et retraite américains. Comment? Personne ne le sait.

Les détails, comme la vérité, c’est pour les mauviettes.

Notre attirance pour le spectaculaire

Les médias en général et la télé en particulier (surtout le câble) n’arrivent jamais à détacher leurs yeux et leurs caméras d’un accident de la route. Trump est un crash qui n’en finit pas, mêlant controverses, accusations, irascibilité et foutaises. En plein calme estival, quand les audiences du câble sont en berne, c’est du pain béni.

Le clivage politique sur le câble et les médias numériques le rendent encore plus attrayant. La chaîne pro-républicaine Fox News, propriété de Rupert Murdoch, assure un suivi constant de la course à l’investiture républicaine. Elle ne peut éviter de parler de Trump, quand bien même elle le voudrait, bien qu’il menace de transformer cette compétition en un véritable cirque. La pagaille est synonyme d’audiences. MSNCB, le contrepoint idéologique de Fox, adore Trump pour la même raison: il peut semer le désordre dans le parti républicain.

La mort des partis

Les électeurs américains ne s’identifient plus à un parti spécifique et se définissent, dans leur grande majorité, comme “indépendants”. Trump est la preuve de cet effondrement, menaçant les républicains, s’ils ne jouent pas franc jeu avec lui, de se présenter comme une troisième force, ce qui assurerait la victoire aux démocrates, voire à Trump lui-même.

En l’état, ses positions politiques sont un savant mélange des menus que proposent les deux grands partis existants. Il ne se présente pas contre l’État providence mais plutôt comme son protecteur. Il ne suggère pas non plus des allègements fiscaux massifs. Il ne fait pas de courbettes à l’aile chrétienne évangélique, très puissante, des Républicains.

Dans le même temps, il ridiculise l’administration Obama, qu’il estime faible et corrompue, notamment dans sa façon de gérer les relations internationales et les crises à l’étranger. Il décrie l’incompétence du gouvernement dans son ensemble. Il conspue les instances régulatrices du commerce.

Sa réponse à tous les problèmes épineux, c’est qu’il est celui qui saura "redorer le blason de l’Amérique". C’est ce que dit l’inscription sur sa casquette blanche et rien n’est plus américain par les temps qui courent que ce slogan simple et presque désespéré.

Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Catherine Biros et Bamiyan Shiff pour Fast for Word.
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