Jean-Luc Mélenchon veut faire une démonstration de force

PARIS (AFP) - Le Front de gauche (FG) et Jean-Luc Mélenchon veulent faire de leur défilé dimanche "contre l'austérité, contre la finance et pour une VIe République" une démonstration de force, estimant que le nombre de 100.000 manifestants serait "un triomphe".

Cette "marche citoyenne" débutera à 14H15 place de la Bastille à Paris pour prendre la direction de la place de la Nation. Les organisations membres du Front de gauche s'exprimeront préalablement au départ de la marche. Eva Joly (EELV), Pierre Laurent (PCF) et Jean-Luc Mélenchon (PG) prendront la parole successivement à partir de 13h45.

Les syndicats manifesteront derrière le carré de tête dans un cortège ouvert par les "entreprises en lutte" (Fralib, Arcelor Mittal, Sodimedical, Carrefour, Prestalis, Air France, Sanofi...), ont indiqué les organisateurs.

Les autres appels thématiques sont appelés à se regrouper en cortège un peu plus en arrière. Une banderole exigeant l'égalité des droits ouvrira cette partie de la marche de façon à affirmer "la détermination face à la droite et l'extrême droite qui s'y opposent". Le collectif "La manif pour tous" a appelé à manifester dimanche contre le mariage homosexuel.

"D'échec, il n'y en aura pas, ce n'est pas possible, parce que ce que nous sommes en train de faire est une chose inouïe. C'est une manifestation de gauche sous un gouvernement de gauche, contre une politique sociale libérale et pour changer les institutions. C'est énorme, personne n'a jamais fait ça!", a prévenu vendredi Jean-Luc Mélenchon.

"Cela s'annonce comme une grande marche (...) il y aura beaucoup de monde", prédit Pierre Laurent, secrétaire national du PCF qui fournira le gros des troupes mobilisées dimanche. "Il y a, fait-il valoir, dans le peuple de gauche le sentiment qu'on a besoin de cette remobilisation pour ne pas se laisser enfermer entre l'échec du gouvernement et la montée de la droite et l'extrême droite".
"Je pense qu'on va arriver à être 100.000", a déclaré Jean-Luc Mélenchon pour qui "à 100.000, c'est un triomphe", car "François Hollande a tout divisé, le front syndical, les forces politiques de gauche et nous luttons contre tout ça".

Quelques heures avant le début de la manifestation, il a éreinté, dans une interview au Parisien dimanche, le chef de l'Etat en l'accusant d'être "l'une des causes de la crise" du fait de son "choix de l'austérité". Estimant que François Hollande "refus(ait)" de "se remettre à gauche", il a évoqué la possibilité d'une "'cohabitation à gauche", avec lui-même en Premier ministre, car pour lui "on ne peut pas continuer à tordre le bras à la démocratie telle qu'elle s'est exprimée en juin 2012".

L'idée de la manifestation et la date, à la veille du premier anniversaire de l'élection de François Hollande, avaient été lancées en pleine affaire Cahuzac par Jean-Luc Mélenchon, vite rejoint par le Front de gauche dont le Parti communiste.

L'expression "coup de balai" employée par l'ancien candidat FG à la présidentielle a créé la polémique, refroidissant plusieurs personnalités qui auraient pu être tentées de battre de le pavé parisien.

Ainsi Europe Ecologie-les Verts a renoncé à participer par la voix de son secrétaire national Pascal Durand pour qui "la manière dont cette manifestation a été montée, les thématiques de cette manifestation, le +coup de balai+ (...) ne correspondent pas à la vision de la VIe République" des écologistes, qui ont deux représentants au gouvernement.

L'ancienne candidate EELV à la présidentielle, Eva Joly sera pourtant aux côtés de Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent en tête de cortège accompagnée d'élus et militants écologistes.
Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot se joindra également au cortège avec "ses propres bases". Le NPA n'est en effet pas d'accord sur l'idée de VIe République du Front de gauche mais souhaite manifester "contre la finance" et pour ne pas laisser "la contestation contre le gouvernement à la droite".

Plusieurs personnalités du monde politique, culturel, associatif, syndical et journalistique seront également du cortège. Edwy Plenel du site Médiapart est ainsi annoncé parmi les participants.

Le PCF annonce "plus de 15.000 militants" venus de province dans plus de 200 cars et minibus.

L'étape suivante sera les Assises pour "une refondation sociale et démocratique" du Parti communiste le 16 juin.